Prise en charge des patients psychiatriques - MILO
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Pathologies

Kiné psychiatrique : témoignage de Gabin, en hôpital psy

Les patients atteints de troubles psychiatriques nécessitent une prise en charge spécifique, adaptée à leurs besoins. Contrairement aux patients ordinaires, ils requièrent des soins continus et une attention particulière pour gérer les symptômes mentaux. 👉 Gabin, kiné en hôpital psychiatrique, nous raconte son quotidien dans cette interview exclusive ! ⤵️

Le rôle du kinésithérapeute pour les patients psychiatriques

Quel est le rôle du kinésithérapeute en hôpital psychiatrique ?

« En hôpital psychiatrique, notre travail est très diversifié. Nous prenons en charge des patients avec des besoins variés, allant de la rééducation musculo-squelettique à la neurologie en passant par la kiné respiratoire. Les séjours de nos patients sont souvent longs, parfois de plusieurs années, ce qui nécessite une continuité des soins. Nous traitons des traumatologies, des lombalgies et intervenons également en addictologie pour aider les patients à gérer leurs douleurs, souvent à l’origine de leurs addictions. Les troubles psychiatriques ajoutent une dimension supplémentaire à nos interventions, nécessitant une approche empathique et adaptée à chaque individu. »

Dans quels contextes intervenez-vous en kinésithérapie respiratoire ?

« La consommation de tabac est souvent plus élevée chez les personnes atteintes de troubles mentaux sévères, comme la schizophrénie. L’ennui en milieu hospitalier favorise cette consommation. Nous avons aussi des patients avec des troubles autistiques sévères qui peuvent avoir des pathologies pulmonaires chroniques nécessitant notre intervention. La kinésithérapie respiratoire est importante pour ces patients, car elle leur permet de maintenir une meilleure qualité de vie en dépit de leurs conditions mentales et physiques. »

Les spécificités de la prise en charge en psychiatrie

Quelles sont les particularités de la kinésithérapie en milieu psychiatrique ?

« En psychiatrie, nous rencontrons souvent des troubles moteurs fonctionnels, auparavant appelés troubles hystériques. Ces patients ont des difficultés de mobilité et des douleurs inexplicables par les examens médicaux traditionnels. Nous intervenons également beaucoup auprès de patients souffrant d’addictions. Les douleurs sont souvent un facteur majeur de leur consommation de substances. Notre rôle est de leur offrir des alternatives pour gérer la douleur, ce qui peut avoir un impact significatif sur leur rétablissement. »

Quelles sont les difficultés spécifiques à l’exercice en psychiatrie ?

« L’une des principales difficultés est de traiter des patients hospitalisés contre leur gré. Nous devons parfois effectuer des soins dans des conditions de sécurité renforcée, comme en chambre d’isolement. Cela demande une grande flexibilité, une bonne dose de sang-froid et des formations pour avoir une approche thérapeutique adaptée. De plus, certaines unités sont fermées pour des raisons de sécurité, ce qui complique l’accès aux patients. La prise en charge des patients psychiatriques nécessite une compréhension profonde de leurs conditions mentales et une capacité à adapter constamment nos méthodes de traitement. »

La kinésithérapie, une prise en charge pluridisciplinaire

Comment s’organise la prise en charge des patients psychiatriques ?

«  La psychiatrie moderne adopte le modèle bio-psycho-social, visant une approche globale. Nous travaillons en étroite collaboration avec les psychiatres et les médecins somatiques pour évaluer la part de la pathologie liée à la condition psychiatrique et celle nécessitant une intervention physique. Cette collaboration permet de traiter des problématiques complexes de manière intégrée. Une prise en charge pluridisciplinaire est essentielle pour répondre aux besoins variés des patients psychiatriques, qui nécessitent souvent des soins physiques et mentaux simultanément. »

Quel est l’impact de l’activité physique et de votre intervention de kiné pour les patients psychiatriques ?

« L’activité physique est essentielle. Elle réduit l’inflammation systémique, favorise la socialisation, régule les effets secondaires des médicaments et aide au contrôle du poids. Cependant, intégrer l’activité physique en milieu psychiatrique reste un défi en raison du manque de moyens, des problématiques de sécurité et de la perception de l’activité physique comme éducationnelle plutôt que thérapeutique. Pour les patients psychiatriques, l’activité physique peut être une bouée de sauvetage, aidant à stabiliser leur état mental et améliorant leur bien-être général. »

Quels sont les principaux obstacles à l’intégration de l’activité physique en psychiatrie ?

« Les hôpitaux psychiatriques sont souvent sous-financés, manquent de personnel pour encadrer les activités, et les unités sécurisées limitent l’accès à certains équipements. Il y a aussi des difficultés de recrutement de professionnels motivés pour travailler dans ce domaine stigmatisé. Pourtant, l’activité physique a de nombreux bienfaits prouvés, notamment pour les patients psychiatriques. L’activité physique aide à améliorer la santé physique et mentale des patients, y compris l’anxiété et la dépression. »

Les patients psychiatriques sont-ils bien suivis pour leurs douleurs chroniques ?

« Malheureusement, non. Beaucoup de patients sont stigmatisés et leurs douleurs sont souvent attribuées à leurs troubles mentaux sans investigation adéquate. Cela peut mener à des états d’avancement de pathologies bien plus graves que ce qu’on voit en cabinet de ville. Il est important de promouvoir une meilleure intégration de la kinésithérapie dans les protocoles de traitement psychiatrique pour éviter ces situations. Les patients psychiatriques méritent une attention particulière pour leurs douleurs physiques, souvent négligées, qui impactent fortement leur qualité de vie. »

Voulez-vous transmettre un message à vos collègues kinésithérapeutes ?

« J’aimerais que mes collègues comprennent l’importance de notre rôle en hôpital psychiatrique. C’est un domaine où nous pouvons vraiment faire une différence. Il faut dépasser les idées reçues et voir la richesse et la nécessité de notre intervention auprès des patients psychiatriques. Je me dis que chaque kinésithérapeute a le potentiel de transformer la vie de ces patients vulnérables et leur engagement est essentiel. »

Merci à Gabin pour son partage ! N’hésitez pas à partager vos expériences dans les commentaires ! 🙌

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