Ondes de choc : utiles dans les cabinets de kinésithérapie ?
Les ondes de choc font parler d’elles en kinésithérapie et ce n’est pas nouveau. Depuis les années 1980, plus de 6 000 études scientifiques ont creusé le sujet. Aujourd’hui, on connaît leurs effets, leurs limites, et leurs usages concrets sur le terrain. Mais allons droit au but : faut-il s’équiper d’un appareil à ondes de choc dans son cabinet en 2025 ? C’est une vraie question. Et pour y répondre, il faut aller au-delà des idées reçues. Indications, résultats, formation, coût, attentes des patients… Tout entre en jeu. On fait le tri ensemble, pour vous aider à décider en connaissance de cause.
Depuis quand utilise-t-on les ondes de choc en kiné ?
Les urologues ont commencé à utiliser les ondes de choc dans les années 1980 pour détruire les calculs rénaux. À partir des années 2010, les professionnels de santé en Allemagne puis en Bulgarie ont élargi leur usage à la prise en charge des troubles musculo-squelettiques.
Quel est le principe d’action des ondes de choc ?
Les ondes de choc offrent un traitement non invasif, appliqué directement à la surface de la peau par le praticien. Grâce à un dispositif spécifique, celui-ci diffuse une énergie physique et mécanique ciblée, capable de traverser les tissus en profondeur.
Cette énergie n’agit pas seulement de manière mécanique : elle déclenche également des réponses biologiques au niveau cellulaire. Plusieurs études expérimentales, notamment chez l’animal, ont tenté de percer les mécanismes d’action de cette technique. Les résultats sont prometteurs : on observe une stimulation de l’ostéogenèse c’est-à-dire la croissance osseuse (Auersperg, 2020) ainsi qu’une activation des cellules pro-inflammatoires, impliquées dans le processus de réparation tissulaire (Rosso, 2015).
Mais cela soulève trois questions essentielles pour le kinésithérapeute :
- Ces effets biologiques se produisent-ils également chez l’humain ?
- Conduisent-ils à des améliorations cliniques mesurables sur des paramètres fonctionnels comme la douleur, la force musculaire ou la mobilité ?
- Sont-ils plus efficaces que les techniques conventionnelles déjà disponibles en cabinet, souvent moins coûteuses ou plus simples à mettre en œuvre, y compris en auto-rééducation ?
Autant de questions que la recherche continue d’explorer, et que chaque praticien doit garder en tête avant de s’équiper.
Quels sont les bienfaits ?
Pourquoi les ondes de choc séduisent de plus en plus de kinés
Les ondes de choc en kinésithérapie constituent une méthode non invasive de plus en plus utilisée dans la prise en charge des troubles musculo-squelettiques. Leur popularité s’explique par une série de bénéfices thérapeutiques concrets. Observés aussi bien en cabinet que dans la littérature scientifique, elles :
- 👉 Soulagent la douleur : en inhibant certains récepteurs nerveux et en stimulant la libération d’endorphines, les ondes de choc permettent de réduire significativement l’inconfort ressenti par le patient.
- 👉 Améliorent la circulation locale : le traitement favorise la néoangiogenèse, c’est-à-dire la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. Résultat : une meilleure irrigation de la zone traitée, et donc une accélération du processus de guérison.
- 👉 Stimulent la réparation des tissus mous : en ciblant les tendons, les ligaments ou encore les fascias, les ondes de choc réactivent les mécanismes naturels de régénération cellulaire.
- 👉 Réduisent l’inflammation : en modulant la réponse inflammatoire locale, elles créent un terrain plus favorable à la cicatrisation.
- 👉 Restaurent la mobilité : en dissolvant certaines calcifications et en diminuant la douleur et l’inflammation, elles facilitent le retour à une mobilité fonctionnelle normale.
- 👉 Traitent les tendinopathies rebelles : leur efficacité est particulièrement reconnue dans les cas chroniques et résistants, comme l’épicondylite, la tendinopathie calcanéenne ou la tendinopathie calcifiante de l’épaule.
- 👉 Évitent parfois la chirurgie : pour certains patients, cette approche permet d’éviter une opération en obtenant une amélioration fonctionnelle suffisante.
- 👉 Accélèrent la reprise d’activité : en combinant soulagement rapide et stimulation des processus de réparation, elles raccourcissent souvent les délais de récupération.
- 👉 Elles sont sûres et bien tolérées : lorsqu’elles sont correctement appliquées, les ondes de choc présentent peu de risques et sont reconnues comme une méthode fiable par les professionnels de santé.
Ce que disent les dernières études (2022–2024)
Les recherches récentes renforcent la légitimité de cette technique. Entre 2022 et 2024, plusieurs études ont confirmé une efficacité modérée mais significative des ondes de choc dans le traitement des tendinopathies chroniques, notamment celles qui résistent aux traitements conventionnels. Ces effets sont d’autant plus marqués lorsqu’on les associe à une prise en charge active, incluant renforcement excentrique et éducation du patient. C’est cette synergie qui semble faire la différence.
Quels sont les effets secondaires ?
Les effets secondaires des ondes de choc en kinésithérapie peuvent inclure des douleurs temporaires, des ecchymoses, des gonflements, et des rougeurs dans la zone traitée. Ces réactions sont généralement légères et se résolvent d’elles-mêmes en quelques jours.
Pour quelles pathologies prises en charge en kiné ont-elles été suggérées ?
On trouve de très nombreuses études cliniques sur l’utilisation et la fréquence des ondes de choc dans le champ musculosquelettique (des centaines), mais pas seulement. Il s’agit le plus souvent d’études de cas ou d’études rétrospectives ou de cohorte. Plus rarement, d’essais contrôlés randomisés contre placebo.
L’utilisation des ondes de choc radiales, un phénomène clé en kinésithérapie, s’avère efficace pour traiter la tendinite par exemple. Ces ondes acoustiques, produites par un appareil à ondes de choc, favorisent la cicatrisation grâce à une impulsion qui stimule la régénération des tissus. Le protocole établi par le praticien dépend de la moyenne extension de la lésion. L’embout de l’appareil facilite la propagation des ondes, rendant ce traitement efficace contre les douleurs.
Indication suggérées des ondes de choc en kiné
Voici une liste non exhaustive des indications suggérées des ondes de choc en kiné :
- tendinopathies (tendon d’Achille, genou, épaule, coiffe des rotateurs, épicondylite, canal carpien) ;
- blessures sportives en général, d’origine traumatique ;
- lombalgie, cervicalgie, dorsalgie ;
- spasticité ;
- aponévrosite plantaire ;
- douleurs pelviennes ;
- maladie de Lapeyronie (déviation de la verge chez l’homme de plus de 50 ans) ;
- brûlures ;
- cellulite : est à nuancer car désormais elle est considérée comme hors indication sérieuse en contexte médical. Elle reste utilisée en esthétique, mais pas validée scientifiquement en kiné.
Ces études donnent des résultats mitigés quant à l’efficacité du dispositif, notamment lorsqu’il est comparé à d’autres prises en charge (renforcement musculaire, étirements, ondes de choc « placebo », etc.). On constate parfois un phénomène : une diminution de l’intensité de la douleur d’1 à 3 points sur 10 de plus qu’avec la prise en charge contrôle. Mais ces résultats ne sont pas retrouvés systématiquement.
Deux revues systématiques de bonne qualité méthodologique sur :
- la tendinopathie de la coiffe des rotateurs,
- et l’épicondylite,
concluent que la thérapie par ondes de choc est peu efficace et n’améliore probablement pas la douleur et la fonction par rapport au placebo (Cochrane 2005 ; 2020).
Comment se déroule une séance d’ondes de choc ?
Une séance d’ondes de choc en kinésithérapie se déroule généralement de la manière suivante :
- Évaluation initiale : Le praticien commence par évaluer la condition du patient afin de déterminer si le traitement par ondes de choc lui convient.
- Préparation : Le kiné installe le patient dans une position confortable, puis expose la zone à traiter en vous demandant de retirer les vêtements ou bijoux si nécessaire.
- Localisation de la zone affectée : Le praticien utilise ses connaissances anatomiques, parfois aidé par une échographie, pour localiser précisément la zone à traiter.
- Application de gel : Le kiné applique un gel de couplage sur la zone ciblée afin de faciliter la transmission des ondes de choc à travers la peau.
- Traitement : Le dispositif d’ondes de choc est positionné sur la zone affectée. Le praticien active l’appareil, et des ondes de choc acoustiques sont délivrées dans les tissus. Vous pouvez ressentir une sensation de battement ou de légère douleur pendant le traitement.
- Durée : Le traitement lui-même dure généralement entre 5 et 20 minutes, selon la condition traitée et la réaction du patient.
- Fin de séance : Une fois le traitement terminé, le gel est nettoyé de la peau. Le praticien peut fournir des instructions ou des recommandations pour après la séance.
- Suivi : Des séances supplémentaires, généralement entre 3 et 5, espacées d’une semaine ou plus, peuvent être nécessaires pour obtenir les meilleurs résultats.
Combien coûte un appareil à onde de choc ?
On peut trouver certains appareils qualifiés d’appareils à onde de choc sur Amazon, vendus à quelques centaines d’euros. Il est cependant difficile d’être certain de la technologie utilisée dans ces appareils dont le prix est bien moins élevé que ceux des principales marques :
- Shockwave ;
- Storz medical ;
- Chattanooga ;
- Nitro ;
- Zimmer Enpuls.
Les prix neuf vont de 1 900 à 15 000 euros. Certains fabricants proposent aujourd’hui des appareils haut de gamme à plus de 18 000 € TTC, notamment les modèles à ondes de choc focales avec guidage échographique intégré. Face à ces coûts, de plus en plus de kinésithérapeutes se tournent vers le marché de l’occasion, qui connaît un véritable essor grâce à des plateformes spécialisées comme Kiné Occasion ou PhysioHub, bien plus fiables que des sites généralistes comme Leboncoin.
Faut-il se former spécifiquement aux ondes de choc ?
Il n’y a aucune obligation de suivre une formation particulière pour réaliser cette pratique. Normalement, vous devriez avoir toutes les informations en lisant simplement les notices d’utilisation, généralement bien fournies. Rien ne vous empêche bien sûr de suivre des formations ou d’en parler avec des collègues kinés : mais ce n’est pas un prérequis réglementaire pour utiliser ce traitement.
💡 À noter : Plusieurs organismes agréés, comme KinéFormations ou Rééduca Pro, proposent désormais des formations certifiantes sur 1 à 2 jours. Certains kinésithérapeutes peuvent les faire financer par le FIF PL, ce qui facilite leur accès à cette montée en compétence.
Une attente forte… mais pas toujours un investissement justifié
Vous l’avez sans doute déjà expérimenté : certaines personnes consultent un kiné uniquement dans l’intention de faire des ondes de choc. Et c’est encore plus vrai chez les sportifs. Certains arrivent avec une prescription qui le mentionne clairement. D’autres en ont entendu parler par un ami, un coach ou via une recherche sur internet.
Face à cette demande croissante, certains kinés choisissent de s’équiper d’un appareil à ondes de choc, principalement pour y répondre. D’autres, plus prudents, considèrent que les preuves d’efficacité, bien que réelles, restent modérées, et que le coût élevé du matériel ne se justifie pas toujours.
Ce choix vous appartient totalement. Il dépend de nombreux paramètres : votre typologie de patientèle, votre zone géographique, vos orientations thérapeutiques, mais aussi le nombre de cabinets déjà équipés autour de vous. Plus la concurrence est forte, plus il peut devenir stratégique de se différencier… ou au contraire, inutile de s’ajouter un investissement de plus.
Une logique différente pour les kinés généralistes
Le même raisonnement s’applique si vous êtes kiné généraliste. La différence, c’est que vous êtes sans doute moins sollicité pour ce type de traitement. Ce qui réduit mécaniquement la pertinence d’un tel achat.
Dans certaines zones urbaines denses, les kinés mettent clairement en avant la possession d’un appareil à ondes de choc sur Doctolib ou dans leurs avis Google. Ce détail influence directement le choix des patients, faisant de cet équipement un outil de différenciation commerciale, parfois plus qu’un levier thérapeutique.
Qui rembourse les ondes de choc et dans quelles conditions ?
En France, la Sécurité sociale rembourse les séances d’ondes de choc uniquement dans certains cas bien précis. Lorsqu’un kinésithérapeute les utilise pour traiter des pathologies musculo-squelettiques en cabinet, ces séances ne sont généralement pas prises en charge. En revanche, certains établissements hospitaliers ou protocoles encadrés permettent d’obtenir un remboursement, sous réserve de conditions strictes.
De plus en plus de mutuelles remboursent partiellement (forfaits bien-être ou kiné renforcée), à hauteur de 20 à 40 € par séance, sur présentation d’une facture nominative.
Avez-vous d’autres arguments qui vous poussent à utiliser les ondes de choc, ou, au contraire, à délaisser ce type de prise en charge au profit d’autres ?