Tendinopathies patellaires : rééducation et prévention kiné
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Rééducation

Les tendinopathies patellaires : quelle rééducation et prévention ?

Chez vos patients sportifs, particulièrement ceux qui courent et sautent, les tendinopathies patellaires surviennent fréquemment. Responsables de douleurs au genou, elles contraignent souvent de manière importante la pratique sportive. Et lorsque les douleurs ne surviennent pas (encore), vous pouvez être sollicité par des entraîneurs ou des athlètes pour tenter de prévenir l’apparition des symptômes à travers des examens. Comme c’est une pathologie relativement fréquente, plusieurs équipes de recherche se sont penchées sur les protocoles ou principes de rééducation et prévention « idéaux ». En voici une synthèse.

Qu’est-ce que la tendinopathie ?

La tendinopathie, relevant des troubles musculo-squelettiques et souvent associée à la surutilisation du tendon, touche des zones telles que le coude, la coiffe des rotateurs ou le tendon d’Achille. Le diagnostic repose sur l’imagerie, comme l’échographie et l’IRM, essentielles pour déceler cette pathologie et d’éventuelles ténosynovites. Le traitement peut inclure des antalgiques comme l’indométhacine, des infiltrations pour l’inflammation, et spécifiquement pour des cas liés à la polyarthrite rhumatoïde ou spondylarthropathies, parfois des antibiotiques. L’origine de la maladie détermine l’abord thérapeutique, soulignant l’importance d’un diagnostic précis dans le cadre de la gestion de la tendinopathie.

Quel est l’état des connaissances sur les tendinopathies patellaires ?

En 2022, il existe plus de 600 publications dans des journaux scientifiques relus par les pairs consacrés à cette tendinopathie, et indexées dans la Medline. Soit une dizaine de publications par an ces dix dernières années.

Il s’agit surtout d’études visant à :

  • ✅ Évaluer l’efficacité de certaines techniques rééducatives ou chirurgicales, surtout chez des personnes sportives ;
  • ✅ Identifier des facteurs favorisants les tendinopathies rotuliennes ;
  • ✅ Réfléchir aux méthodes de prévention efficaces contre cette blessure afin de limiter le risque de récidive ;
  • ✅ Mieux connaître la fréquence de cette lésion dans différentes populations.

Vous souhaitez en savoir plus sur ce que disent ces publications sur la rééducation et la prévention ? Cela tombe bien, c’est le sujet de la suite de l’article !

Prévenir les tendinopathies patellaires : possible ?

Une équipe de recherche chinoise a réalisé en 2022 une synthèse de toutes les études portant sur la prévention de cette inflammation des tendons. Leur question de départ : est-ce que le suivi de certains protocoles d’entraînement limite le risque d’apparition de tendinopathie ? Ils concluent que les données nous permettent de dire que :

  • Cela ne marche pas sur les personnes « ordinaires » ;
  • Cela peut peut-être marcher sur les athlètes. Mais pour l’instant, cela n’a pas été mis en évidence, peut-être à cause d’un nombre réduit de participants.

Que contiennent ces protocoles d’entraînement préventif ? Un exemple pris chez des kinés brésiliens :

  • 👉 Renforcement excentrique du quadriceps ;
  • 👉 Éducation ;
  • 👉 Étirements des muscles ischio-jambiers ;
  • 👉 Exercices de stabilisation des articulations des membres inférieurs et de la ceinture lombo-pelvienne.

Quelles sont les causes ?

Les tendinopathies, anciennement appelées tendinites, sont des affections douloureuses des tendons, ces structures fibreuses qui relient les muscles aux os. Plusieurs causes peuvent contribuer à leur apparition, parmi lesquelles :

  • Surcharge répétitive : l’utilisation excessive et répétée d’un tendon, souvent observée chez les sportifs ou dans certaines professions, peut conduire à des microtraumatismes et à une inflammation du tendon.
  • Vieillissement : avec l’âge, les tendons peuvent perdre de leur élasticité et de leur résistance, augmentant ainsi le risque de blessure.
  • Mauvaise posture ou technique : une posture inadéquate ou une mauvaise technique lors de la pratique d’activités physiques peut exercer une pression inhabituelle sur les tendons, favorisant l’apparition de tendinopathies.
  • Facteurs biomécaniques : les déséquilibres musculaires, les anomalies de l’alignement des membres ou du pied (comme un pied plat ou une pronation excessive) peuvent augmenter la contrainte sur certains tendons.
  • Conditions médicales : certaines conditions, telles que le diabète ou les maladies rhumatismales, peuvent être associées à un risque accru de tendinopathies en raison de l’inflammation chronique ou de l’altération de la circulation sanguine.
  • Facteurs génétiques : il existe des preuves que la susceptibilité aux tendinopathies peut être partiellement héréditaire, certains individus étant génétiquement prédisposés à ces conditions.
  • Médicaments : l’utilisation de certains médicaments, comme les corticostéroïdes ou les fluoroquinolones (un type d’antibiotique), a été associée à un risque accru de tendinopathie.
  • Changements hormonaux : les fluctuations hormonales, notamment durant la ménopause, peuvent affecter la santé des tendons et contribuer au développement de tendinopathies.

Il est important de noter que souvent, les tendinopathies résultent de la combinaison de plusieurs de ces facteurs.

Quelle est la différence entre une tendinite et une tendinopathie ?

La tendinite désigne une inflammation aiguë d’un tendon, tandis que la tendinopathie englobe des troubles du tendon, incluant l’inflammation et les dégâts sur le long terme, sans se limiter à l’aspect inflammatoire.

CritèreTendiniteTendinopathie
NatureInflammation aiguë du tendonTroubles tendineux plus larges, incluant inflammation et dégénérescence
SymptômesDouleur vive, gonflement, rougeur
Douleur persistante, parfois sans inflammation évidente
DuréeCourt terme, souvent causée par un surmenage spécifiquePeut-être à long terme, résultant d’une dégradation progressive
TraitementRepos, glace, anti-inflammatoiresApproche plus complète : physiothérapie, modification de l’activité, parfois chirurgie
ÉvolutionRésolution avec le repos et le traitement appropriéPotentiellement chronique, nécessite une gestion sur le long terme

Principes et protocoles de rééducation des tendinopathies patellaires

Une revue récente (2021) explore l’efficacité de la rééducation pour cette indication. Qu’en retenir ?

  1. La sollicitation en excentrique du quadriceps, à poids de corps ou avec du poids en plus, doit rester le traitement de première intention pour toutes les personnes souffrant de tendinopathie rotulienne. Même si empiriquement, on ne constate souvent pas de différence significative quand on agrège les données provenant de différentes études. C’est un type d’exercice sécuritaire et bien toléré.
  2. Les ondes de choc ne semblent pas efficaces sur la douleur ou fonction à court terme. Même constat pour les ultrasons.
  3. Les exercices en concentrique sont probablement les moins pertinents.

Ces recommandations sont valables pour tout type de population : personne « sédentaire », de tout âge, sportif amateur ou athlète. Tout l’enjeu est bien sûr d’adapter ces principes généraux aux spécificités et attentes de chaque personne !

Avoir d’autres outils dans sa mallette de kinésithérapeute est toujours utile pour répondre à des attentes de prises en charge diversifiées. Alors, voici pour vous quelques autres conseils en vrac émanant de différents médecins ou kinés ayant une expertise spécifique sur les tendinopathies de la rotule.

  • Certains athlètes ne souhaitent pas prendre du repos en plein milieu d’une saison. Le renforcement isométrique peut dans ce cas être une issue de secours. Il peut se faire par exemple avec 30/40° de flexion, sur un appareil de leg-extension (ou avec les moyens du bord, ça passe très bien aussi !). Il peut avoir une action antalgique.
  • Incorporer progressivement des exercices isométriques, isotoniques et pliométriques, et pas forcément de l’excentrique. Quelques exemples ? Broad jumps bipodaux puis unipodaux. (Hello Youtube pour la démo !)
  • Les injections de plasma riche en plaquettes sont assez en vogue. Pourtant, lorsqu’on compare l’évolution de groupes ayant eu ces injections ou ayant eu une injection placebo (solution saline), l’évolution est la même dans les 2 groupes. Autrement dit, cette option thérapeutique n’est pas soutenue empiriquement à l’heure actuelle.

Comment la guérir ?

Pour traiter les tendinopathies, au-delà du repos, l’application de froid pour soulager la douleur, les étirements pour améliorer l’amplitude articulaire et la reprise progressive de l’activité sur le tendon affecté sont particulièrement bénéfiques, avec une importance notable accordée aux exercices excentriques. Si ces approches ne donnent pas les résultats escomptés, le recours aux ondes de choc radiales peut être considéré.


Est-ce des prises en charge que vous avez déjà mis en place ? Quel retour d’expérience en avez-vous ?

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