Les tendinopathies patellaires : quelle rééducation et prévention ?
Chez vos patients sportifs, particulièrement ceux qui courent et sautent, les tendinopathies patellaires surviennent fréquemment. Responsables de douleurs au genou, elles contraignent souvent de manière importante la pratique sportive. Et lorsque les douleurs ne surviennent pas (encore), vous pouvez être sollicité par des entraîneurs ou des athlètes pour tenter de prévenir l’apparition des symptômes à travers des examens. Comme c’est une pathologie relativement fréquente, plusieurs équipes de recherche se sont penchées sur les protocoles ou principes de rééducation et prévention « idéaux ». En voici une synthèse.
Quel est l’état des connaissances sur les tendinopathies patellaires ?
En 2022, il existe plus de 600 publications dans des journaux scientifiques relus par les pairs consacrés à cette tendinopathie, et indexées dans la Medline. Soit une dizaine de publications par an ces dix dernières années.
Il s’agit surtout d’études visant à :
- évaluer l’efficacité de certaines techniques rééducatives ou chirurgicales, surtout chez des personnes sportives ;
- identifier des facteurs favorisants les tendinopathies rotuliennes ;
- réfléchir aux méthodes de prévention efficaces contre cette blessure afin de limiter le risque de récidive ;
- mieux connaître la fréquence de cette lésion dans différentes populations.
Vous souhaitez en savoir plus sur ce que disent ces publications sur la rééducation et la prévention ? Cela tombe bien, c’est le sujet de la suite de l’article !
Prévenir les tendinopathies patellaires : possible ?
Une équipe de recherche chinoise a réalisé en 2022 une synthèse de toutes les études portant sur la prévention de cette inflammation des tendons. Leur question de départ : est-ce que le suivi de certains protocoles d’entraînement limite le risque d’apparition de tendinopathie ? Ils concluent que les données nous permettent de dire que :
- cela ne marche pas sur les personnes « ordinaires » ;
- cela peut peut-être marcher sur les athlètes. Mais pour l’instant, cela n’a pas été mis en évidence, peut-être à cause d’un nombre réduit de participants.
Que contiennent ces protocoles d’entraînement préventif ? Un exemple pris chez des kinés brésiliens :
- renforcement excentrique du quadriceps ;
- éducation ;
- étirements des muscles ischio-jambiers ;
- exercices de stabilisation des articulations des membres inférieurs et de la ceinture lombo-pelvienne.
Principes et protocoles de rééducation des tendinopathies patellaires
Une revue récente (2021) explore l’efficacité de la rééducation pour cette indication. Qu’en retenir ?
- La sollicitation en excentrique du quadriceps, à poids de corps ou avec du poids en plus, doit rester le traitement de première intention pour toutes les personnes souffrant de tendinopathie rotulienne. Même si empiriquement, on ne constate souvent pas de différence significative quand on agrège les données provenant de différentes études. C’est un type d’exercice sécuritaire et bien toléré.
- Les ondes de choc ne semblent pas efficaces sur la douleur ou fonction à court terme. Même constat pour les ultrasons.
- Les exercices en concentrique sont probablement les moins pertinents.
Ces recommandations sont valables pour tout type de population : personne « sédentaire », de tout âge, sportif amateur ou athlète. Tout l’enjeu est bien sûr d’adapter ces principes généraux aux spécificités et attentes de chaque personne !
Avoir d’autres outils dans sa mallette de kinésithérapeute est toujours utile pour répondre à des attentes de prises en charge diversifiées. Alors, voici pour vous quelques autres conseils en vrac émanant de différents médecins ou kinés ayant une expertise spécifique sur les tendinopathies de la rotule.
- Certains athlètes ne souhaitent pas prendre du repos en plein milieu d’une saison. Le renforcement isométrique peut dans ce cas être une issue de secours. Il peut se faire par exemple avec 30/40° de flexion, sur un appareil de leg-extension (ou avec les moyens du bord, ça passe très bien aussi!). Il peut avoir une action antalgique.
- Incorporer progressivement des exercices isométriques, isotoniques et pliométriques, et pas forcément de l’excentrique. Quelques exemples ? Broad jumps bipodaux puis unipodaux. (Hello Youtube pour la démo !)
- Les injections de plasma riche en plaquettes sont assez en vogue. Pourtant, lorsqu’on compare l’évolution de groupes ayant eu ces injections ou ayant eu une injection placebo (solution saline), l’évolution est la même dans les 2 groupes. Autrement dit, cette option thérapeutique n’est pas soutenue empiriquement à l’heure actuelle.
Est-ce des prises en charge que vous avez déjà mis en place ? Quel retour d’expérience en avez-vous ?