Rééducation kiné d’un AVC chronique en 2025 : que conseiller ?
15 juin 2023 - Rééducation

Endométriose et hypnose : ces deux mots résonnent de plus en plus dans les cabinets de kinésithérapie. Et pour cause ! Vous l’avez déjà vécu, n’est-ce pas ? Cette patiente qui entre dans votre cabinet, le visage marqué par la douleur chronique, l’errance médicale gravée dans son regard. Sept ans. C’est le délai moyen pour poser un diagnostic d’endométriose en France. Sept années d’errance médicale, de douleurs invalidantes, et souvent d’incompréhension. Quand les antalgiques ne suffisent plus et que la chirurgie n’a pas tout réglé, l’association endométriose et hypnose pourrait bien être la pièce manquante du puzzle thérapeutique. 🔎 Découvrons comment intégrer les techniques psychocorporelles dans votre pratique de kinésithérapeute.
Arrêtons-nous un instant sur cette réalité : la douleur ressentie ne dépend pas de la gravité des lésions. Vous avez peut-être déjà rencontré deux patientes avec le même stade d’endométriose, l’une vivant normalement, l’autre clouée au lit trois jours par mois. Pourquoi ? Parce que la douleur est une expérience globale, profondément personnelle, où le vécu émotionnel et corporel s’entremêlent.
L’endométriose ne se limite pas aux crampes menstruelles. Elle s’accompagne de fatigue chronique, de troubles du sommeil, d’anxiété, de dyspareunies, d’infertilité. Ces symptômes créent un cercle vicieux redoutable : la douleur physique nourrit la souffrance psychique, qui elle-même amplifie la perception douloureuse.
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Les pratiques psychocorporelles regroupent l’ensemble des approches qui considèrent le corps comme médiateur pour apaiser les maux de l’esprit et libérer les émotions enfouies. Elles pensent l’individu comme un « tout » où corps et esprit fonctionnent en synergie constante.
Relaxation, pilates therapeutique, hypnose, massages, yoga, qi gong, art-thérapie, musicothérapie, EMDR, biofeedback… la palette est large. Et dans le champ de compétences du kinésithérapeute, ces techniques permettent au patient, à travers la relation thérapeutique, de s’approprier sa rééducation et de reconstruire son image corporelle.

Voici un point clé pour votre pratique : les douleurs du plancher pelvien sont systématiquement associées à une angoisse d’anticipation avec une hypertonie périnéale. Votre patiente a tellement eu mal qu’elle se crispe avant même que la douleur n’arrive. Son corps anticipe, se contracte, et perpétue le cercle infernal.
Des points de déclenchement musculaires myofasciaux actifs peuvent se développer secondairement à la maladie et maintenir la douleur malgré l’élimination des lésions endométriales et la gestion hormonale. C’est là que vous intervenez, dans cette zone où le corps garde la mémoire de la douleur même quand la cause est traitée.
Non, l’hypnose n’a rien à voir avec les shows télévisés où des gens imitent des poules. L’hypnose est un état de conscience particulier mais naturel par lequel chacun passe au cours d’une journée sans s’en rendre compte. Quand vous conduisez sur l’autoroute en « pilote automatique », quand vous êtes absorbé dans un livre au point de ne plus entendre ce qui se passe autour de vous : vous êtes en état hypnotique léger.
Être en état d’hypnose, ce n’est pas dormir. Le sujet perçoit la voix du thérapeute, peut exécuter les gestes qu’on lui propose, peut parler. Il garde le contrôle total.
Les données scientifiques sont formelles : de nombreuses études ont démontré que la pratique de l’hypnose contre la douleur (l’hypno-analgésie) a des effets bénéfiques sur notre cerveau. Lorsqu’une stimulation douloureuse est effectuée sous hypnose, le cortex cingulaire antérieur est activé, permettant de réguler la transmission du message douloureux.
Contrairement aux opioïdes, l’hypnose n’agit pas via les systèmes opiacés endogènes. Elle renforce les contrôles inhibiteurs descendants, ce qui explique son efficacité complémentaire aux antalgiques classiques. Vous pouvez donc la combiner sans problème avec les traitements médicamenteux de vos patientes.
Chez les femmes souffrant de douleurs chroniques d’endométriose, le cerveau répond en mode automatique. En hypnothérapie, on rééduque ce dernier pour renvoyer une réponse la moins pénible possible.
Attention : il ne s’agit pas de supprimer magiquement la douleur. Soyons réalistes. L’objectif est de trouver en soi des ressources pour mieux l’affronter, la gérer au quotidien. Parfois, cela permet de diminuer les antalgiques, souvent mal supportés au long cours. Cette approche honnête et réaliste crée une alliance thérapeutique solide avec vos patientes.
L’apprentissage de l’auto-hypnose est facile et rapide. En complément des thérapeutiques médicales, l’auto-hypnose est un outil efficace dans la gestion des douleurs pelviennes, digestives ou urinaires. Votre patiente devient ainsi, chaque jour, plus autonome dans la gestion de ses sensations.
Les exercices d’auto-hypnose donnent des clés au quotidien pour gérer l’arrivée d’une douleur, du stress. Vous les intégrez dans vos séances, et vos patientes disposent d’un outil utilisable partout, tout le temps.
Une étude récente révèle des résultats impressionnants. À l’issue des séances guidées d’hypnose, la majorité des participants ont dit éprouver moins de douleur et d’anxiété, en plus de se sentir moins stressés et plus « zens ». Et l’effet bénéfique de l’hypnose se faisait toujours sentir six mois après la fin du programme. Six mois !
Médecins, psychologues, sexologues, sages-femmes et bien sûr kinésithérapeutes peuvent aider ces patientes en les guidant tout au long de leur chemin thérapeutique. Pourquoi êtes-vous au centre ? Parce que vous voyez vos patientes régulièrement. Vous êtes celui qui touche, qui écoute, qui observe.
Votre premier rôle est de réaliser une évaluation globale des symptômes et des troubles en présence, afin de déterminer avec la patiente ceux sur lesquels vous allez travailler en priorité. Au-delà des spécialités qui font partie intégrante du parcours de soins des personnes atteintes d’endométriose, la kinésithérapie, l’ostéopathie, la relaxation, sophrologie, hypnose ou auto-hypnose sont invités à intégrer les filières de soins.
Quand vous recevez une patiente qui a des douleurs lombaires, et qui vous confie qu’elle a des cycles irréguliers douloureux et des fuites urinaires, de la constipation chronique, ce sont des drapeaux rouges qu’il ne faut pas négliger. Vous êtes parfois le premier à suspecter l’endométriose.
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La kinésithérapie ne traite pas les lésions endométriales mais montre un bénéfice pour diminuer les symptômes liés à l’endométriose et leurs conséquences. Les techniques utilisées peuvent être bénéfiques sur une dyschésie, une dysménorrhée, une dyspareunie et une douleur pelvienne chronique.
S’initier aux techniques de gestion psychocorporelle de la douleur (pleine conscience, relaxation, hypnoanalgésie) et proposer une activité physique adaptée comme le Pilates ou le yoga constituent des compétences essentielles pour votre spécialisation en pelvi-périnéologie.
Votre approche peut combiner plusieurs dimensions :
La sophrologie, comme approche psychocorporelle dans une approche intégrative, permet de répondre aux besoins des patientes et de retrouver un lien avec leur corps à un moment où il est perçu comme hostile, au-delà de la douleur et de la maladie.
Certaines thérapies associent des méthodes psychocorporelles telles que la sophrologie ou l’acupuncture pour encourager la relaxation et l’apaisement des douleurs pelviennes et gynécologiques. La sophrologie partage avec l’hypnose de nombreux points communs, notamment l’utilisation de la relaxation et de la visualisation positive.
Les thérapies cognitives et comportementales remettent la patiente au centre de la thérapie en la rendant véritablement actrice de son cheminement. Le travail se concentre sur les pensées, comportements et émotions afin d’en déconstruire les automatismes et de développer de nouvelles ressources.
Parmi les traitements non médicamenteux de l’endométriose, il peut être proposé un accompagnement psychothérapeutique avec en particulier l’hypnose et les TCC. Ils ont des effets bénéfiques sur l’évolution de la maladie.
Les approches de pleine conscience (mindfulness) permettent aux patientes de développer une observation non-jugeante de leurs sensations douloureuses. Cela modifie leur relation à la douleur. Des approches telles que la méditation, la sophrologie ou la thérapie psychocorporelle peuvent aider à apaiser ces douleurs.
Le yoga fait partie des prises en charge non médicamenteuses qui ont montré une amélioration de la qualité de vie et qui peuvent être proposées en complément de la prise en charge médicale de l’endométriose selon les recommandations HAS-CNGOF.
Le yoga thérapeutique adapté aux pathologies pelviennes combine postures douces, respiration et relaxation, offrant une approche complète pour vos patientes.

L’intérêt pour l’hypnose dans la gestion de la douleur chronique a augmenté ces dernières années. Plusieurs études ont montré que l’hypnose permet une diminution significative de la douleur chronique.
De récentes études ont démontré l’efficacité de l’hypnose dans la gestion de diverses formes de douleur chronique, telles que les douleurs lombaires, les migraines et la fibromyalgie. Une analyse des essais cliniques révèle que l’hypnose peut réduire la douleur de 30 à 50 % dans certains cas, comparativement aux traitements conventionnels.
53,8% de l’ensemble des participants ont constaté à 3 mois une amélioration de leur état douloureux. D’autre part, 75% se sont montrés satisfaits de la prise en charge thérapeutique incluant l’association des médicaments et de la technique psychocorporelle.
Au-delà des mesures quantitatives de la douleur, c’est l’amélioration globale de la qualité de vie qui constitue l’objectif principal. Ces bienfaits se manifestent surtout sur le plan de la qualité de vie des personnes, grâce à des capacités physiques améliorées. Les gens parviennent à bouger plus et à effectuer des tâches du quotidien qu’ils n’étaient plus capables de faire.
Toutefois, on retrouve certains biais méthodologiques dans la plupart de ces études. Il existe un manque de standardisation des protocoles hypnotiques utilisés et peu de données permettant de déterminer précisément le profil clinique des patients répondeurs à l’hypnose.
Ces limites ne remettent pas en cause l’intérêt clinique de ces approches. Ils soulignent la nécessité de poursuivre les recherches pour affiner les protocoles et identifier les profils de patientes qui en bénéficieront le plus.
Pour intégrer les techniques psychocorporelles à votre pratique, une formation spécifique s’avère nécessaire. Des formations en hypnose médicale, en sophrologie ou en relaxation sont accessibles aux professionnels de santé. Cela vous permet d’acquérir les compétences de base.
Des formations de 2 jours à plusieurs semaines sont proposées par différents instituts, comme le Collège d’Hypnose de Paris ou l’Institut IN-DOLORE, spécifiquement dédiées à l’endométriose et aux douleurs pelviennes. Connaître l’hypnose, apprendre à en maîtriser la technique constitue un outil extrêmement utile dans la prise en charge quotidienne de patients douloureux.
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Votre séance type peut intégrer progressivement les éléments psychocorporels :
Pour l’endométriose, une prise en charge pluridisciplinaire est recommandée, associant gynécologue, généraliste, spécialiste de la douleur, psychologue et hypnothérapeute.
La kinésithérapie pelvienne intervient après les consultations en gynécologie, urologie ou radiologie, et en lien avec d’autres soins paramédicaux (acupuncture, hypnose, yoga thérapeutique, suivi psychologique).
Dans tous les cas, c’est bien la relation de confiance entre le thérapeute et le patient qui est la base de tout. Il convient donc de bien expliquer ce qu’est l’hypnose en insistant sur le fait qu’il s’agit d’un état naturel, le professionnel intervenant comme accompagnant dans l’exercice que le patient finalement est seul à maîtriser.
Le respect du consentement éclairé et l’adaptation constante à la patiente constituent les fondements éthiques de votre pratique. Restez toujours dans votre champ de compétences et reconnaissez vos limites.
Et vous, quel sera votre premier pas vers l’intégration de l’hypnose dans votre accompagnement des patientes souffrant d’endométriose ? 🌸
Nos sources :
20 octobre 2023 - Rééducation