Futur kiné libéral : formalités administratives essentielles
Vous arrivez au bout de vos études en institut de formation en masso-kinésithérapie, vous avez votre diplôme d’État en ligne de mire… et une question qui tourne en boucle : « Concrètement, comment devenir kiné libéral, étape par étape, sans me perdre dans les démarches administratives ? » Bonne nouvelle : le parcours d’installation en libéral d’un kinésithérapeute libéral est bien balisé. Dans cet article, la team kiné par nature vous donne les grandes étapes pour vous installer : inscription au tableau de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, numéro RPPS, formulaire d’identification, et guichet unique… L’objectif : vous donner une vision claire, chronologique et à jour des formalités administratives, en les reliant à votre réalité de futur kiné.
Clarifier votre projet d’exercice avant les démarches administratives : la première étape avant de devenir kiné libéral
Avant même de remplir le moindre formulaire, vous avez un projet d’exercice professionnel à poser noir sur blanc. C’est lui qui va guider toutes vos démarches administratives et conditionner vos revenus de kiné libéral.
Choisir votre mode d’exercice : assistant, remplaçant, collaborateur ou titulaire
En première année d’activité libérale, vous n’êtes pas obligé d’ouvrir votre cabinet immédiatement. Plusieurs options existent :
- ➡️ Kiné libéral remplaçant : vous exercez temporairement à la place d’un confrère, avec un contrat de remplacement, sans patientèle propre.
- ➡️ Assistant kiné libéral : vous travaillez dans un cabinet de kinésithérapie existant avec une rétrocession d’honoraires, en participant au développement de l’activité libérale du cabinet.
- ➡️ Collaborateur libéral : vous développez progressivement votre patientèle au sein d’un cabinet, via un contrat de collaboration.
- ➡️ Titulaire : vous créez ou reprenez un cabinet de kinésithérapie en votre nom (ou via une société d’exercice libéral), avec vos propres charges, votre business plan et votre stratégie pour développer votre activité libérale.
Ce choix de statut de kiné en libéral a des conséquences sur votre statut juridique (par exemple entreprise individuelle ou SELARL (société d’exercice libéral à responsabilité limitée)) ; vos charges sociales et fiscales ; votre niveau de sécurité financière la première année ; et votre capacité à développer une patientèle et votre chiffre d’affaires.
Avant de vous lancer, il est utile de poser un business plan simple : estimation de la rémunération à l’acte, projections de revenus de kiné libéral, charges fixes (loyer, matériel, assurances, logiciel, etc.) et variable, pour vérifier que votre projet est adapté à votre situation personnelle.
Choisir le lieu d’installation : zonage, accès au conventionnement et aides
En 2025, votre lieu d’installation n’est plus un simple choix géographique, c’est un enjeu de santé publique. Les Agences régionales de santé (ARS) classent le territoire en :
- zones très sous-dotées,
- zones sous-dotées,
- zones intermédiaires,
- zones très dotées,
- zones sur-dotées.
Ce zonage conditionne :
- les possibilités d’installation en libéral avec conventionnement ;
- les aides financières (contrats démographiques, aide forfaitaire annuelle en zone très sous-dotée ou sous-dotée, aide à l’équipement informatique, etc.) ;
- certaines restrictions d’installation issues de l’avenant 7 à la convention nationale des masseurs-kinésithérapeutes (notamment en zones très dotées et sur-dotées).
L’avenant 7 renforce la régulation démographique : pour obtenir l’accès au conventionnement en exercice en libéral sous convention, vous devez par exemple justifier d’une expérience professionnelle minimale ou vous installer dans le cadre d’un départ ou d’une cessation d’activité dans certaines zones.
En pratique, pour choisir le lieu d’installation :
- 1️⃣ Consultez la carte officielle du zonage kiné sur les sites des ARS ou via les portails régionaux (type PAPS, Portail d’accompagnement des professionnels de santé) ;
- 2️⃣ Repérez les zones sous-dotées ou très sous-dotées où les dispositifs de soutien aux professionnels de santé (contrats CAIMK, CACCMK, CAMMK…) peuvent vous offrir une vraie aide financière pour l’installation ;
- 3️⃣ Prenez en compte les facteurs de développement de patientèle : bassin de population, concurrence, présence de médecins, orthophonistes, infirmiers, etc. Une étude de marché même rapide vous aidera à anticiper votre chiffre d’affaires avant de devenir kiné libéral.
Choisir votre statut juridique : entreprise individuelle ou société d’exercice libéral
Pour exercer en profession libérale de santé, vous pouvez opter notamment pour :
- ➡️ L’entreprise individuelle (EI), qui est aujourd’hui le statut le plus courant pour un professionnel de santé qui débute. Depuis la réforme de l’EI, votre patrimoine professionnel est séparé de votre patrimoine personnel (principe de sécurité renforcé) ;
- ➡️ Une société d’exercice libéral (SEL), par exemple SELARL ou SELAS, si vous vous associez ou si vous avez un projet structuré (cabinet de groupe, société civile de moyens + SEL…). Ces formes sont encadrées par le code de la santé publique et le code de déontologie des masseurs-kinésithérapeutes.
Votre statut juridique influe sur :
- votre régime fiscal (BNC, impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés) ;
- vos possibilités de déduire vos charges ;
- l’organisation de votre cabinet de kinésithérapie (associés, société civile de moyens, etc.) ;
- votre stratégie à moyen terme (association, développement multi-sites, travail en maison de santé).
À ce stade, n’hésitez pas à déléguer votre comptabilité à des experts spécialisés dans les professionnels de santé libéraux avant de finaliser votre décision. Horizon libéral est la solution parfaite pour vous. Il vous accompagne de votre projet d’installation à votre comptabilité une fois votre rêve de devenir kiné libéral exaucé.
Étape 2 pour devenir kiné en libéral : inscription à l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes et obtention de votre numéro RPPS
C’est la première grande démarche “officielle” : sans numéro RPPS, vous ne pouvez pas vous enregistrer auprès de l’Assurance Maladie ni vous conventionner.
L’enregistrement au conseil départemental de l’Ordre
Vous devez d’abord demander votre inscription au tableau auprès du conseil départemental de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes (CDOMK) de votre lieu d’installation. Cette étape comprend :
- ✅ La constitution d’un dossier avec les pièces justificatives : diplôme d’État, pièce d’identité, justificatif de domicile, éventuellement extrait de casier judiciaire, formulaire d’inscription… ;
- ✅ Un examen de votre dossier par le conseil départemental ;
- ✅ La validation de votre inscription au tableau de l’ordre professionnel.
Une fois votre inscription validée, le conseil procède à l’enregistrement de votre diplôme et vous délivre une attestation d’inscription sur laquelle figure votre numéro RPPS (Répertoire partagé des professionnels de santé). Ce numéro vous suivra tout au long de votre exercice professionnel, quel que soit votre mode d’exercice ou votre statut juridique.
Cette inscription à l’Ordre vous engage au respect du code de déontologie et du code de la santé publique (respect du secret professionnel, indépendance, qualité des soins, continuité de la prise en charge, etc.).
La carte de professionnel de santé (CPS)
Votre numéro RPPS est également la base pour la délivrance de votre carte de professionnel de santé (CPS), indispensable :
- pour accéder de manière sécurisée aux services numériques de l’Assurance Maladie et des autres professionnels de santé ;
- pour signer et télétransmettre vos feuilles de prise en charge et factures ;
- pour sécuriser vos échanges dans le cadre de la sécurité sociale et de la santé publique.
3ème étape pour devenir kiné libéral : s’inscrire auprès de l’Assurance Maladie et obtenir le conventionnement
Une fois votre numéro RPPS obtenu, vous pouvez vous enregistrer comme kinésithérapeute libéral auprès de votre CPAM.
Le formulaire d’identification sur installation-kine.ameli.fr
Depuis plusieurs années, l’Assurance Maladie a mis en place un portail dédié : installation-kine.ameli.fr. C’est la porte d’entrée pour votre inscription à la CPAM et votre conventionnement.
Sur ce site, vous devez :
- 1️⃣ Remplir un formulaire d’identification en indiquant :
- votre numéro RPPS,
- votre NIR professionnel (numéro de sécurité sociale du professionnel),
- vos coordonnées (mail, téléphone),
- le code postal de votre futur cabinet,
- votre date prévisionnelle d’installation ;
- 2️⃣ Téléverser les documents nécessaires (RIB, pièce d’identité, diplôme d’État, attestation d’inscription à l’Ordre, etc.) ;
- 3️⃣ Choisir un créneau de rendez-vous avec un conseiller de votre caisse primaire d’assurance maladie.
Lors de ce rendez-vous, la CPAM : vérifie la conformité de votre dossier. Elle vous informe des conséquences du zonage et des conditions de conventionnement (notamment au regard de l’avenant 7 et de la convention nationale). Et finalise votre inscription au régime PAMC (praticiens et auxiliaires médicaux conventionnés. Par la suite, elle enclenchera la délivrance de votre carte de professionnel de santé si ce n’était pas déjà fait.
Avenant 7, zonage et accès au conventionnement
L’avenant 7 à la convention nationale a introduit des règles plus strictes pour l’installation en libéral sous convention :
- il conditionne l’accès au conventionnement à des critères d’expérience professionnelle ou de succession à un confrère dans certaines zones très dotées ou sur-dotées ;
- il renforce les contrats démographiques (par exemple contrat d’aide à l’installation ou contrat d’aide à la création d’un cabinet en zones très sous-dotées) qui peuvent vous apporter une aide financière importante (versements annuels, primes, etc.) en échange d’un engagement de durée.
Les conditions exactes d’accès au conventionnement en zones très dotées ou sur-dotées sont définies par l’avenant 7 et ses circulaires d’application, et peuvent être actualisées. Vérifiez toujours les critères en vigueur sur Ameli ou auprès de votre CPAM.
Concrètement, cela signifie que votre parcours d’installation en libéral doit intégrer :
- la vérification du zonage de votre futur cabinet ;
- la discussion avec votre conseiller CPAM sur le type de contrat ou d’aide forfaitaire annuelle auquel vous pouvez prétendre ;
- l’analyse de la durée d’engagement (souvent 3 à 5 ans) et des obligations (niveau d’activité libérale conventionnée, patients résidant dans la zone, etc.).
Étape 4 : créer votre entreprise via le guichet unique et organiser vos affiliations sociales pour devenir kiné libéral
Parallèlement à votre inscription à l’Assurance Maladie, vous devez donner une existence juridique à votre activité libérale.
Le guichet unique des formalités des entreprises
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, toutes les formalités de création d’entreprise y compris pour une profession libérale de santé doivent passer par le guichet des formalités des entreprises, accessible en ligne sur formalites.entreprises.gouv.fr, opéré par l’INPI. Ce guichet unique a remplacé les anciens CFE.
Ce site vous permet de :
- déclarer la création d’une entreprise individuelle (EI) ou d’une société d’exercice libéral (SELARL, SELAS…) ;
- renseigner les informations clés de votre exercice professionnel : adresse du cabinet, activité (kinésithérapie/ professionnel de santé), régime fiscal ;
- transmettre automatiquement votre dossier à l’URSSAF (cotisations sociales), à l’INSEE (attribution du numéro SIRET) et aux autres organismes concernés (dont la CARPIMKO pour la retraite et la prévoyance des masseurs-kinésithérapeutes). (Urssaf)
Vous recevez ensuite :
- un numéro SIRET pour votre cabinet de kinésithérapie ;
- votre numéro d’affiliation en tant que travailleur indépendant auprès de l’URSSAF ;
- des informations sur vos futures cotisations sociales (maladie, maternité, retraite de base, CSG-CRDS…).
URSSAF, CARPIMKO et risques professionnels
En tant que profession libérale de santé, vous dépendez :
- de l’URSSAF pour le recouvrement de vos cotisations sociales ;
- de la CARPIMKO pour votre retraite, l’invalidité et la prévoyance obligatoire des masseurs-kinésithérapeutes ;
- du régime des PAMC (praticiens et auxiliaires médicaux conventionnés) pour certaines prestations de sécurité sociale.
Pensez à vérifier, dans les mois suivant votre installation en libéral, que :
- votre affiliation à la CARPIMKO est bien effective ;
- vos appels de cotisations URSSAF correspondent à votre situation réelle (début d’activité, éventuelles exonérations ou aides à la création d’entreprise) ;
- vous avez bien déclaré votre activité auprès de la CPAM en tant que professionnel de santé conventionné.
Pour compléter votre protection, vous pouvez aussi envisager :
- une assurance volontaire individuelle pour les accidents du travail / maladies professionnelles, la protection juridique ou la prévoyance complémentaire (arrêt de travail, invalidité, décès) ;
- une couverture adaptée à votre projet de vie (maternité, congé, emprunt immobilier).
Dernière étape pour devenir kiné libéral : sécuriser votre exercice professionnel !
🔎 L’obtention de votre diplôme, l’inscription au tableau de l’Ordre et l’enregistrement auprès de l’Assurance Maladie vous donnent le droit d’exercer en libéral.
La RCP, l’ouverture d’un compte dédié et l’organisation du cabinet sécurisent et structurent votre exercice au quotidien.
Souscrire une responsabilité civile professionnelle (RCP)
La responsabilité civile professionnelle est indispensable et en pratique indispensable dès le premier jour d’exercice. Elle couvre :
- 👉 les dommages éventuels causés à un patient dans le cadre de vos soins ;
- 👉 certains litiges (erreurs, manquements reprochés par un patient ou une caisse) ;
- 👉 votre défense devant les instances professionnelles ou juridictionnelles.
La responsabilité civile professionnelle est légalement obligatoire pour tout masseur-kinésithérapeute libéral (article L.1142-2 du Code de la santé publique). Sans attestation RCP, l’inscription à l’Ordre n’est pas possible.
Comparez plusieurs offres d’assurance : niveau de garantie ; plafond et franchise ; prise en charge des frais de défense ; options (protection juridique, moyens de paiement, cyber-risques, etc.).
Devenir kiné libéral c’est aussi : ouvrir un compte bancaire dédié et avoir gestion financière fiable
Même si la loi ne vous impose pas forcément d’ouvrir un compte bancaire professionnel, il est fortement recommandé d’avoir un compte dédié à l’activité de votre cabinet de kinésithérapie. En effet, il vous permet une meilleure lisibilité de vos revenus et de vos charges. Une gestion simplifiée pour votre comptable si vous en prenez un ; et une séparation plus nette entre vos finances personnelles et professionnelles en cohérence avec votre statut d’entreprise individuelle ou de profession libérale.
Cela facilitera aussi la mise en place de solutions de paiement adaptées (terminal bancaire, virement, éventuels services type e-paiement) et le suivi de votre rémunération à l’acte.
Organisation du cabinet et réseau professionnel
Dès votre installation, vous allez structurer votre exercice professionnel :
- choix et aménagement du local (accessibilité, normes de santé publique, matériel de kinésithérapie) ;
- outils de gestion : logiciel métier, télétransmission, gestion des dossiers patients, facturation, relance des impayés ;
- création ou intégration d’un réseau professionnel (médecins traitants, autres professionnels de santé de la zone, maisons de santé, CPTS).
Ces éléments ont un impact direct sur : votre capacité à développer votre patientèle ; votre chiffre d’affaires et votre salaire de kinésithérapeute libéral net après charges ; ou encore votre qualité de vie au travail, notamment en termes d’organisation et de prise en charge des patients.
Réussir à devenir kiné en libéral sans vous noyer dans l’administratif
Oui, le parcours pour devenir kiné libéral peut sembler dense : ordre des masseurs-kinésithérapeutes, numéro RPPS, CPAM, conventionnement, guichet unique, URSSAF, CARPIMKO, responsabilité civile professionnelle… Mais une fois les formalités administratives bien ordonnées, vous posez les bases solides de votre exercice en libéral pour les années à venir.
Avec une bonne préparation, quelques conseils pratiques de confrères déjà installés et un peu de méthode, vous avez toutes les cartes en main pour réussir votre installation et faire de votre futur cabinet de kinésithérapie un lieu de soins à votre image.
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