Endettement des étudiants en kiné et passage à la vie libérale : comment amortir vraiment les coûts de son installation ?

Endettement des étudiants en kinés et passage à la vie libérale : comment amortir vraiment les coûts de son installation ?

En France, l’endettement des étudiants en kiné influe fortement sur leurs débuts de carrière et fait de l’installation en libéral un enjeu financier majeur. Ils cumulent d’abord un coût de formation élevé, souvent en IFMK privé, puis un investissement important pour s’installer en libéral. Dans certains cas, ils sortent avec 30 000 à 40 000 € de dettes d’études, avant même d’avoir signé un bail de cabinet. À l’autre bout de la chaîne, l’ouverture ou la reprise d’un cabinet représente facilement 30 000 à 50 000 € pour une structure “classique”, voire 80 000 à 100 000 € pour des projets plus ambitieux. La question devient alors moins “souhaitent-ils exercer en libéral ?” que “dans quelles conditions financières peuvent-ils le faire sans se griller les ailes dès les cinq premières années ?”.

Études de kiné et endettement des étudiants : un diplôme qui peut coûter de 175 à plus de 10 500 € par an

Le premier étage de la dette, c’est le coût des études. Les écarts sont vertigineux. Un étudiant en kiné en deuxième année débourse en moyenne 6 701 à 6 734 € pour sa rentrée 2024-2025, en incluant frais de scolarité, CVEC, logement, transport et dépenses courantes, selon la FNEK et la presse professionnelle. Mais derrière cette moyenne se cache un gouffre entre établissements publics et privés.

Les documents de la FNEK montrent qu’entrer en deuxième année de kinésithérapie en 2024 signifie s’engager dans un parcours où les frais de scolarité vont d’environ 800 € pour l’ensemble des études dans un IFMK public à plus de 40 000 € dans certaines écoles privées. De leur côté, plusieurs articles de presse confirment que, dans certains IFMK privés, les frais peuvent atteindre 10 500 € par an, avec de nombreux établissements situés entre 4 700 et 9 150 € annuels.

Logiquement, plus la scolarité est chère, plus l’endettement des étudiants est élevé. Hospimedia rappelle qu’environ un étudiant en kinésithérapie sur cinq contracte un prêt pour financer ses études, avec une proportion nettement plus élevée dans les IFMK privés que dans les publics. Dans l’enquête publiée par Le Monde en février 2025, plusieurs étudiants témoignent d’une dette de 35 000 € à 25 ans, uniquement liée aux études de kiné, faute de place dans le public.

Pour une partie d’entre eux, l’endettement des étudiants n’est pas un petit “coup de pouce” bancaire, c’est déjà une trajectoire lourde : ils commencent leur vie professionnelle avec l’équivalent d’un petit crédit immobilier sur le dos, dans un contexte où les loyers, le coût de l’énergie et l’alimentation augmentent eux aussi.

Le choc de l’entrée en libéral : quand la dette étudiante rencontre la dette pro

Une fois diplômés, ceux qui veulent exercer en libéral se heurtent à un second mur, celui de l’installation. Plusieurs guides d’installation, banques spécialisées et articles destinés aux kinés convergent : pour un cabinet de kiné en location, avec travaux raisonnables, matériel de base et un minimum de trésorerie, le budget global se situe souvent entre 30 000 et 50 000 €. Dans des projets plus ambitieux : surface plus grande, plateau technique très équipé, gros travaux… l’enveloppe dépasse rapidement 80 000 €, parfois 100 000 €.

Dans la réalité, on voit émerger quelques profils types. Certains sortent d’un IFMK public ou peu cher, avec peu ou pas de dette étudiante, et ne portent “que” un prêt professionnel d’installation. D’autres cumulent 20 000 à 30 000 € de prêt étudiant et 30 000 à 50 000 € de prêt pro. Les plus exposés sont ceux qui ont suivi tout leur cursus dans le privé, sans soutien familial significatif, et visent un cabinet haut de gamme : la dette d’études flirte alors avec 35 000 €, et le projet de cabinet peut nécessiter 60 000 € ou plus.

Ce qui compte, ce n’est pas uniquement le capital emprunté, mais les mensualités que ces montants vont générer. Un prêt étudiant de 30 000 € sur 10 ans à 1,5 % produit une mensualité autour de 270 €. Un prêt professionnel de 40 000 € sur 7 ans à 3 % se traduit par une échéance proche de 530 €. Ensemble, la charge fixe atteint environ 800 € par mois.

Tant que le cabinet ne tourne pas à plein régime, ces 800 € viennent s’ajouter au loyer professionnel, aux charges de cabinet (électricité, logiciels, assurances, comptabilité), au loyer perso, aux cotisations URSSAF et CARPIMKO, qui peuvent représenter 30 à 35 % du bénéfice selon le niveau d’activité. Le cœur du problème, c’est ce point de bascule : combien doivent-ils travailler, en heures et en patients, pour simplement “faire tourner la machine” sans s’épuiser ?

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Trois leviers pour garder la main sur sa trajectoire de dette

Au lieu de penser “combien emprunter pour mon cabinet”, ils ont intérêt à se poser une autre question : à quoi ressemble leur courbe d’endettement sur dix ans, en intégrant à la fois l’endettement des étudiants et l’endettement professionnel ?

Le premier levier consiste à étaler intelligemment la dette étudiante. L’instinct pousserait à rembourser très vite, mais ce n’est pas toujours pertinent. Pour un jeune kiné qui s’installe dans les deux ans après le diplôme, il est souvent plus solide d’avoir une mensualité étudiante modérée, lissée sur la durée, quitte à rembourser plus vite une fois le cabinet stabilisé, plutôt que d’empiler de grosses échéances d’études sur les premières années d’activité, exactement au moment où les charges sociales montent et où la patientèle n’est pas encore stabilisée. Cette discussion se joue très concrètement avec la banque : allongement de la durée, modulation des échéances, possibilité de remboursements anticipés sans pénalité.

Le deuxième levier est de séquencer les investissements au cabinet. Beaucoup rêvent d’un plateau technique complet dès l’ouverture, avec machines de physiothérapie, renforcement, cryothérapie, décor travaillé. Mais chaque tranche de 10 000 € de matériel financée sur quelques années se traduit en centaines d’euros de mensualité. Un cabinet de 40 000 € et un cabinet de 70 000 € ne demandent pas le même volume d’actes pour être rentables. Démarrer avec un cabinet “frugal” : fonctionnel, propre, aligné avec leur pratique ; puis faire monter en gamme le matériel au fil du temps, une fois le revenu stabilisé, est souvent plus soutenable.

Le troisième levier est le rythme d’entrée dans le libéral. Il existe une différence majeure entre s’installer immédiatement comme titulaire avec un prêt lourd, et passer d’abord par une phase de remplacements, puis de collaboration. Une ou deux années de remplacements permettent de générer du revenu sans charges structurelles, de rembourser une partie de la dette étudiante, de constituer une épargne de sécurité et de tester plusieurs terrains. La collaboration, ensuite, donne accès à un cabinet déjà équipé, avec un risque financier limité au lieu de cumuler prêt étudiant + gros prêt pro. L’installation ou l’association n’intervient qu’une fois ce socle stabilisé.

Horizon Libéral : transformer le saut en plan de route

Dans ce contexte d’endettement des étudiants et de prêt pro, Horizon Libéral agit comme un garde-fou : ils proposent un accompagnement complet, du projet d’installation au suivi comptable, avec business plan, prévisionnel validé par un comptable spécialisé dans le libéral et estimation des charges futures. Au lieu de fixer leur niveau d’emprunt “à l’instinct”, ils s’appuient sur des simulations chiffrées : seuil de rentabilité, revenus nets réalistes, capacité de remboursement. Une fois installés, le volet comptable et fiscal (2035, 2042, URSSAF, CARPIMKO) permet de suivre l’activité mois après mois et d’anticiper les à-coups, ce qui transforme leur installation libérale d’un saut risqué en trajectoire financière beaucoup plus maîtrisée.

Aides et dispositifs : amortisseurs puissants, mais à intégrer dans le plan de départ

Les aides et exonérations ne sont pas une baguette magique, mais elles jouent un rôle clé dans cette trajectoire de dette. Côté installation, les contrats incitatifs sont désormais bien cadrés.

  • Le Contrat d’Aide à la Création de Cabinet de Masseurs-Kinésithérapeutes (CACCMK) prévoit une aide de 49 000 €, versée en quatre fois sur quatre ans : 30 000 € à la signature, puis 9 000, 5 000 et encore 5 000 € les années suivantes, sous conditions d’activité en zone très sous-dotée.
  • Le Contrat d’Aide à l’Installation (CAIMK) offre quant à lui 34 000 €, avec 15 000 € à la signature et trois versements ultérieurs de 9 000, 5 000 et 5 000 €.

Vu du point de vue de l’endettement des étudiants et du prêt pro, ces chiffres prennent un sens très concret. Un kiné qui rembourse environ 10 000 € de crédits par an voit une part importante de cette charge “neutralisée” par les 15 000 ou 30 000 € initiaux, puis par les versements suivants. Ces contrats ne suppriment pas la dette, mais ils amortissent la période la plus fragile : les premières années, où tout est nouveau et où le moindre aléa pèse lourd.

Les exonérations fiscales en zones ZRR/FRR ou ZFU-TE vont dans le même sens. Pendant plusieurs années, une part importante des bénéfices peut être exonérée d’impôt, ce qui augmente la capacité de remboursement, d’investissement ou d’épargne, surtout si l’installation se fait dans une zone où la demande de soins est forte.

Dit autrement : si l’endettement des étudiants impose un handicap de départ, ces dispositifs publics peuvent fonctionner comme un contrepoids structuré. Encore faut-il qu’ils soient intégrés en amont dans le business plan, et pas découverts par hasard une fois le cabinet ouvert.

Un enjeu économique, mais aussi mental et politique

Les chiffres racontent une histoire, mais ils ne capturent pas tout. La FNEK alerte depuis plusieurs années sur la dégradation des conditions de vie et de santé mentale des étudiants en kiné : coût de la rentrée en hausse, recours croissant au travail salarié à côté des études, sacrifices sur l’alimentation ou le logement, peur de redoubler à cause du poids du prêt. Les témoignages recueillis par la presse confirment que cette pression financière laisse des traces durables.

Quand ils arrivent en libéral, cette histoire ne s’efface pas. Elle se translate dans la manière dont ils acceptent des semaines surchargées, repoussent les congés, hésitent à refuser des patients ou à se libérer du temps pour se former. L’endettement des étudiants, puis celui du cabinet, deviennent parfois des moteurs de suractivité plus que de développement réfléchi.

Sur le plan collectif, la coexistence d’IFMK publics peu chers et d’IFMK privés très coûteux, pour un même diplôme d’État, interroge. Elle crée de facto deux voies d’accès à la profession : l’une relativement protégée, l’autre conditionnée à la capacité d’endettement individuel. Les aides à l’installation et les exonérations ne corrigent qu’en partie ce déséquilibre.

À l’échelle individuelle, pourtant, il existe des marges de manœuvre : penser sa trajectoire sur dix ans, utiliser les phases de remplacements et de collaboration comme des amortisseurs, dimensionner le cabinet avec sobriété au départ, intégrer dès le début les aides et exonérations disponibles, se faire accompagner par des interlocuteurs qui maîtrisent les chiffres (expert-comptable, conseillers spécialisés en santé, réseaux de jeunes libéraux).

Et, face à cet endettement des étudiants qui pèse sur tout leur début de carrière, jusqu’où la profession, les institutions et les jeunes kinés eux-mêmes sont-ils prêts à faire évoluer les parcours et les modèles d’installation pour que la liberté de soigner ne soit plus synonyme de crédit à rembourser pendant dix ans ?

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