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Rééducation périnéale kiné : pourquoi de plus en plus de kinésithérapeutes se forment dans ce domaine ?

La rééducation périnéale (ou pelvi-périnéale) a longtemps été un champ relativement spécialisé de la kiné, souvent associé à la femme en post-partum. Aujourd’hui, ce domaine connaît un regain d’intérêt : un nombre croissant de kinésithérapeutes choisissent de se former spécifiquement à cette prise en charge, et la demande des patientes comme des acteurs de santé ne cessent de monter. Cet article explore les raisons de ce phénomène en s’appuyant sur des données récentes, les évolutions réglementaires, les attentes sociétales, et les défis cliniques et organisationnels qui poussent les professionnels à se spécialiser.

Rééducation périnéale et santé publique : un enjeu massif en kiné

Les troubles pelvi-périnéaux concernent près de 40 % des femmes après un premier accouchement. L’incontinence urinaire, le prolapsus ou encore les douleurs pelviennes chroniques ne sont pas rares : selon la HAS, une femme sur quatre de plus de 35 ans connaît des fuites urinaires occasionnelles ou régulières.

La ménopause constitue un autre moment critique : jusqu’à 50 % des femmes ménopausées souffrent de troubles urinaires liés à une faiblesse du plancher pelvien. Or, une prise en charge précoce et adaptée réduit significativement les complications à long terme et améliore la qualité de vie.

Les attentes des patientes s’intensifient : une enquête menée en 2024 (Kinésithérapie, la Revue) montre que 72 % des femmes post-partum estiment ne pas avoir reçu suffisamment d’informations sur la rééducation périnéale, et 58 % auraient souhaité un suivi plus long et plus personnalisé.

Une spécialisation kiné encouragée par le cadre réglementaire

La rééducation périnéale est inscrite dans le Code de la santé publique comme une compétence des kinésithérapeutes. En parallèle, le Développement Professionnel Continu (DPC) impose aux praticiens de suivre régulièrement des formations reconnues. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon l’Agence nationale du DPC, plus de 4 800 kinésithérapeutes ont suivi une formation en pelvi-périnéologie entre 2020 et 2023, soit une hausse de près de 40 % par rapport à la période précédente.

Le FIFPL soutient également ce mouvement en finançant chaque année des centaines de sessions dédiées à la périnéologie. Résultat : de plus en plus de praticiens profitent de ce cadre pour développer une expertise recherchée et valorisée.

La rééducation périnéale offre une opportunité professionnelle en tant que kiné libéral

La France compte aujourd’hui environ 109 000 kinésithérapeutes, dont près de 80 % exercent en libéral (Conseil national de l’Ordre, 2024). Dans ce contexte concurrentiel, se former en rééducation périnéale permet de se différencier et de répondre à une demande encore sous-couverte.

Les patientes sont prêtes à se déplacer pour bénéficier de soins de qualité : une étude de l’IRDES (2023) révèle que 35 % des femmes post-partum acceptent un trajet supérieur à 20 minutes pour consulter un kiné spécialisé en rééducation périnéale, alors qu’elles privilégient la proximité pour la kinésithérapie classique.

Pour les praticiens, cette spécialisation représente aussi une opportunité économique. L’Assurance maladie prend en charge les séances, ce qui sécurise la patientèle et fidélise durablement les patientes à chaque étape de leur vie (grossesse, post-partum, ménopause).

Rééducation périnéale et innovations : des pratiques en pleine évolution pour la kinésithérapie

La recherche et l’innovation renforcent l’attractivité de ce domaine. Les kinés utilisent de plus en plus le biofeedback, l’électrostimulation et l’échographie dynamique pour objectiver les progrès. Selon une étude européenne de 2023, l’usage du biofeedback augmente de 25 % l’adhésion des patientes aux exercices prescrits.

Le vieillissement démographique accentue également les besoins : en 2050, une Française sur trois auras plus de 60 ans (INSEE). Or, la prévalence des troubles urinaires et des prolapsus augmente avec l’âge. Autrement dit, la demande en rééducation périnéale ne concerne plus seulement le post-partum, mais s’étend à toute la vie des patientes.

Des obstacles persistants

Cet engouement ne doit pas masquer certains freins. Les formations représentent un coût : entre 800 et 2 000 € selon les organismes, avec plusieurs jours de présentiel. Pour certains cabinets, cela constitue un investissement significatif.

L’accès n’est pas homogène : dans certaines régions, l’offre de formation reste limitée, ce qui oblige les kinés à se déplacer. Enfin, la persistance du tabou autour de l’incontinence ou des troubles sexuels entraîne encore une sous-consultation : l’Inserm estime que seules 30 % des femmes concernées osent en parler à un professionnel de santé.

Pour approfondir le sujet, Nadia Talbi, kinésithérapeute spécialisée et formatrice reconnue, partage son expertise et ses conseils pratiques dans notre conférence dédiée à la périnatalité et la kinésithérapie.
👉 Ne manquez pas son intervention et (re)découvrez le replay complet ici : voir le replay.

Et si la rééducation périnéale est en plein essor, elle reste un terrain à investir, tant pour répondre aux besoins de santé publique que pour offrir aux kinés une spécialisation valorisante et porteuse d’avenir. Alors, comment imaginez-vous l’évolution de la place de la rééducation périnéale dans la kinésithérapie de demain : vers une pratique devenue incontournable, ou une expertise réservée à quelques spécialistes engagés ?

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