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Exercer dans un désert médical : quelles aides pour s’installer comme kiné en zone sous-dotée ?

S’installer comme masseur-kinésithérapeute libéral dans un désert médical en zone sous-dotée, c’est faire le choix d’un exercice exigeant, mais profondément utile. Dans ces territoires où l’accès aux soins est restreint, la présence d’un kiné change la vie des habitants. Pour répondre à ce besoin criant, l’Assurance Maladie, les Agences Régionales de Santé (ARS) et certaines collectivités ont mis en place une série de dispositifs financiers et logistiques qui facilitent l’installation et le maintien des professionnels de santé, en particulier des kinésithérapeutes. 👀 Encore faut-il comprendre les subtilités du zonage, connaître les aides disponibles, leurs conditions, et savoir à qui s’adresser.

Désert médical et zonage kiné : de quoi parle-t-on ?

Le terme de « désert médical » en kiné et plus généralement dans le secteur médical n’est pas qu’un slogan médiatique. Il désigne des territoires dans lesquels l’offre de soins est considérée comme insuffisante, voire critique. Pour objectiver cette situation, les ARS ont mis en place un zonage spécifique destiné aux professionnels de santé libéraux, dont les kinésithérapeutes. Les autorités classent chaque territoire selon un indicateur appelé APL (Accessibilité Potentielle Localisée), qui combine le nombre de professionnels en activité et les besoins en soins de la population.

Suite à l’avenant 7, on distingue maintenant quatre grandes catégories :

  • 1️⃣ Les zones très sous-dotées,
  • 2️⃣ Les zones sous-dotées supérieures,
  • 3️⃣ Les zones intermédiaires,
  • 4️⃣ Les zones non prioritaires. 

Pour les kinés, seules les deux premières catégories donnent droit aux aides financières prévues par l’Assurance Maladie. Ce zonage est régulièrement révisé pour suivre l’évolution démographique et sanitaire des territoires. Il est consultable sur le site RezoneKiné, un outil mis à disposition des professionnels pour visualiser facilement les opportunités d’installation.

Pour en savoir plus : Zonage kiné 2025 : où s’installer en libéral en France ?

S’installer en zone sous-dotée : quelles aides financières espérer ?

Les principaux leviers d’attractivité mis en place par l’Assurance Maladie sont les contrats incitatifs, conçus pour soutenir l’installation ou le maintien des kinés dans les zones où l’offre de soins est insuffisante. Le plus connu est le Contrat d’Aide à la Création de Cabinet de Masseur-Kinésithérapeute (CACCMK), destiné aux professionnels qui souhaitent créer ou reprendre un cabinet principal en zone très sous-dotée. Ce contrat, valable 5 ans, donne droit à une aide financière pouvant atteindre 49 000 € répartis sur quatre ans :

  • Un versement initial de 30 000 € dès la signature,
  • Puis 9 000 € la deuxième année,
  • Et 5 000 € les deux années suivantes.

En échange de ce soutien, le kiné s’engage fortement : exercer dans la zone pendant au moins cinq ans, réaliser au moins 2 000 actes la première année, puis 3 000 les années suivantes, dont plus de la moitié dans la zone ciblée. Pour les kinés exerçant seuls, un recours régulier à un remplaçant est exigé, afin de garantir la continuité des soins. En outre, les professionnels qui accueillent un stagiaire de fin d’études peuvent percevoir une aide complémentaire de 300 € par mois pendant la durée du stage.

Et si vous ne souhaitez pas créer de cabinet ?

Pour ceux qui ne souhaitent pas créer un cabinet de zéro mais préfèrent intégrer une structure existante, le Contrat d’Aide à l’Installation des Masseurs-Kinésithérapeutes (CAIMK) constitue une alternative. Il vise les kinés qui rejoignent un cabinet déjà implanté en zone très sous-dotée, sous réserve qu’il s’agisse d’un exercice de groupe ou d’un exercice pluriprofessionnel (type maison de santé pluridisciplinaire). Les montants sont légèrement inférieurs : 15 000 € à la signature, puis les mêmes versements complémentaires que le CACCMK, soit 9 000 € la deuxième année puis 5 000 € les deux années suivantes. Les engagements en termes d’activité sont similaires : 3 000 actes annuels, dont 50 % dans la zone, sur cinq ans.

Vous exercez déjà comme kiné dans un désert médical ? Des aides au maintien d’activité existent aussi

Les professionnels déjà implantés dans une zone très sous-dotée peuvent aussi bénéficier d’un soutien à travers le Contrat d’Aide au Maintien d’Activité des Masseurs-Kinésithérapeutes (CAMMK). Moins généreux que les aides à l’installation, il s’adresse aux kinés souhaitant pérenniser leur activité dans une zone en tension. Le contrat court sur trois ans, avec un versement annuel de 4 000 €, soit un total de 12 000 €. Les conditions sont similaires : engagement à exercer majoritairement dans la zone, exercice en groupe ou recours à un remplaçant en cas d’exercice isolé, et réalisation de plus de 50 % des actes sur le territoire concerné.

Ce type d’aide vise à éviter que des professionnels implantés dans des zones sensibles ne ferment boutique sous la pression économique ou l’isolement professionnel. En plus, ce contrat, comme les autres, encourage l’accueil de stagiaires en versant une aide de 300 € par mois.

Et si vous exercez en dehors d’une zone très sous-dotée ? Le Contrat Incitatif

Le zonage de l’Assurance Maladie ne se limite pas aux zones dites « très sous-dotées ». Pour les zones simplement sous-dotées, il est possible de signer un Contrat Incitatif Masseur-Kinésithérapeute (CIMK), dont l’objectif est de maintenir une offre de soins suffisante dans ces zones intermédiaires, qui ne sont pas encore en situation critique mais pourraient le devenir. Le CIMK allège certaines charges professionnelles : il prend en charge une partie des cotisations sociales, jusqu’à 2 600 € par an, et il peut accorder un coup de pouce à l’équipement, jusqu’à 3 000 € par an.

Signer ce contrat engage pour au moins trois ans, avec une obligation claire : Réaliser les deux tiers de son activité dans la zone concernée. C’est un bon moyen pour les jeunes diplômés ou les kinés en début d’activité d’alléger leurs premières charges tout en contribuant à la santé publique.

Aides locales et dispositifs complémentaires : pensez aux collectivités

En plus des aides nationales, certaines collectivités territoriales (départements, régions ou communautés de communes) déploient leurs propres dispositifs pour attirer ou maintenir des professionnels de santé. Ces aides prennent des formes variées. Mise à disposition d’un local professionnel à loyer symbolique, subvention à l’installation, exonération de la taxe professionnelle (CFE), financement d’équipements, voire accompagnement administratif.

Le site de votre ARS ou votre mairie est souvent le premier point de contact utile pour connaître ces opportunités. Par exemple, la région Auvergne-Rhône-Alpes a mis en place un dispositif « Pass installation » destiné aux professionnels de santé libéraux. Il inclut les kinés, avec une aide allant jusqu’à 20 000 € dans certaines zones rurales. En Bretagne, la communauté de communes du Kreiz-Breizh propose une prise en charge des frais de cabinet pour les professionnels de santé pendant les premières années. On parle peu de ces initiatives, mais elles peuvent réellement faire la différence dans une stratégie d’installation.

L’installation dans un désert médical : entre engagement éthique et stratégie gagnante

Au-delà des considérations financières, exercer en zone sous-dotée, c’est faire le choix d’une kinésithérapie de terrain, à taille humaine. Les patients reviennent, les besoins explosent, et la reconnaissance se fait sentir au quotidien. C’est aussi un bon moyen de se démarquer. Dans les régions très dotées, les ARS refusent souvent les nouvelles installations si aucun professionnel ne part. Résultat : les nouveaux kinés ne peuvent pas s’installer. En zone très sous-dotée, les autorités assouplissent cette régulation, ce qui laisse plus de liberté aux professionnels pour s’installer.

Choisir de s’installer en désert médical quand on est kiné engage, et ne se fait pas à la légère. Isolement géographique, éloignement des structures hospitalières, difficulté à trouver un remplaçant ou un collaborateur sont des réalités fréquentes. Il est donc essentiel d’anticiper. Visitez plusieurs territoires. Rencontrez les élus locaux et les professionnels de santé déjà sur place. Analysez aussi la population ciblée. Certains kinés choisissent de s’appuyer sur des projets collectifs ou pluri-professionnels. C’est le cas des Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP), qui permettent de mutualiser les charges, les locaux et les compétences.

Pour aller plus loin

Les informations détaillées et les formulaires de contrat pour exercer dans un désert médical en tant que kiné sont disponibles sur le site officiel de l’Assurance Maladie. Dans la section dédiée aux masseurs-kinésithérapeutes. Le site Rezone Kiné permet quant à lui de visualiser en temps réel les zones éligibles aux différentes aides. Les URPS et syndicats professionnels peuvent également vous accompagner dans vos démarches.

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