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11 octobre 2024 - Pathologies
La tendinite du moyen fessier, ou tendinopathie glutéale, n’a plus grand-chose à voir avec la simple inflammation qu’on lui attribuait autrefois. C’est une pathologie complexe, à la croisée des facteurs mécaniques, biomécaniques et biologiques, qui se cache derrière de nombreuses douleurs latérales de hanche. Chez l’adulte et tout particulièrement chez la femme d’âge moyen elle représente jusqu’à 20 % des douleurs de hanche non arthrosiques. Trompeuse, elle se confond souvent avec une bursite trochantérienne ou une sciatique tronquée, retardant parfois le bon diagnostic. Pourtant, sa prise en charge est tout sauf passive : il ne s’agit pas d’immobiliser ni de calmer à tout prix, mais de réentraîner le tendon, restaurer la tolérance à la charge et corriger les déséquilibres du bassin. Mais comment reconnaître, évaluer et rééduquer efficacement une tendinopathie du moyen fessier ?
La tendinite du moyen fessier se manifeste principalement par une douleur latérale de hanche. Elle est située sur la face externe, au niveau du grand trochanter. Cette douleur peut irradier vers la fesse, la cuisse ou le genou, sans toutefois dépasser la ligne médiane ni s’accompagner de troubles neurologiques. Cette irradiation descendante est typique et peut orienter le diagnostic vers le complexe trochantérien plutôt que vers une atteinte lombaire.
Les patients décrivent une gêne mécanique. La douleur s’accentue à la marche, lors des montées d’escaliers, en position debout prolongée, ou encore en s’allongeant sur le côté atteint. La nuit, la pression du corps sur la hanche accentue souvent la douleur. Cela conduit certains patients à une insomnie chronique.
À l’examen, le kinésithérapeute retrouve :
Les tests cliniques les plus discriminants sont le test d’adduction (ADD) et le Trendelenburg dynamique. Une échographie permet de visualiser l’épaississement tendineux, la désorganisation des fibres ou une bursite associée. L’IRM reste l’examen de référence pour distinguer une tendinopathie d’une rupture partielle du tendon.
Les symptômes peuvent être aggravés par certaines postures, notamment le croisement de jambes ou l’appui prolongé sur une hanche en position debout.
Le traitement de la tendinite du moyen fessier repose sur une stratégie combinée : éducation thérapeutique, kinésithérapie progressive et adaptation de la charge.
Le mot d’ordre n’est plus le repos absolu, mais la rééducation active, adaptée à la douleur et à la tolérance tendineuse.
Le kinésithérapeute joue un rôle central dans la récupération. Le protocole doit intégrer :
Le repos total est proscrit, car il entraîne une atrophie musculaire et une perte de capacité tendineuse. Le repos relatif, en revanche, est fondamental : éviter les gestes douloureux sans cesser tout mouvement.
Une étude du British Journal of Sports Medicine démontre que les patients informés sur la nature non inflammatoire de la tendinopathie et engagés dans une démarche active de rééducation présentent une amélioration fonctionnelle 40 % plus rapide que ceux traités uniquement par infiltrations ou anti-inflammatoires.
Les infiltrations de corticoïdes peuvent soulager temporairement une phase inflammatoire aiguë, mais leur efficacité à long terme est inférieure à celle de l’exercice thérapeutique.
Les anti-inflammatoires (AINS) sont parfois prescrits pour réduire la douleur, sans action directe sur la réparation tendineuse.
Les ondes de choc extracorporelles (ESWT) sont une option non invasive de plus en plus utilisée. Plusieurs méta-analyses (PubMed, 2025 ; ScienceDirect, 2025) montrent une amélioration durable de la douleur et de la fonction après 4 à 6 séances, notamment dans les formes chroniques.
Dans les cas rebelles ou associés à une rupture partielle, une chirurgie mini-invasive peut être envisagée, avec réparation tendineuse et bursectomie. Le pronostic post-opératoire est excellent à condition d’un suivi kinésithérapique rigoureux.
La tendinopathie du moyen fessier ne résulte pas d’un seul facteur, mais d’un ensemble de déséquilibres mécaniques, biomécaniques et physiologiques qui s’accumulent dans le temps. Le tendon devient douloureux non pas parce qu’il est enflammé, mais parce qu’il est mal sollicité, mal régénéré, ou compressé de manière répétée.
Le moyen fessier est un muscle clé dans la stabilité du bassin. À chaque pas, il supporte entre 2,5 et 3 fois le poids du corps, particulièrement lors de la phase d’appui unipodal.
Si cette charge mécanique dépasse les capacités d’adaptation du tendon par exemple lors d’une reprise de sport trop rapide, d’une marche prolongée, ou d’une activité professionnelle où le patient reste longtemps debout la structure du tendon se dégrade progressivement.
Contrairement à l’idée ancienne d’une inflammation aiguë, les études récentes montrent qu’il s’agit d’un processus dégénératif : micro-ruptures, désorganisation du collagène, et néovascularisation douloureuse.
Cette surcharge tendineuse est d’autant plus nocive lorsqu’elle n’est pas compensée par une phase de récupération ou lorsque la posture du bassin crée un bras de levier défavorable.
Les mouvements répétitifs marche prolongée, montée d’escaliers, sport d’endurance, station debout ou assise prolongée sont souvent le facteur déclenchant. Mais c’est la posture inadéquate qui transforme ces gestes anodins en contrainte pathologique.
Chez les patients sédentaires, l’habitude de s’appuyer sur une seule jambe ou de croiser les jambes en position assise crée une compression permanente du tendon contre le grand trochanter.
Chez les sportifs, notamment les coureurs à pied, un déficit de contrôle du bassin ou une faiblesse du tronc latéral provoquent une oscillation excessive du bassin, augmentant la tension sur le moyen fessier.
Ces contraintes répétitives et mal alignées engendrent une hyper-sollicitation du tendon dans un axe inadéquat, ce qui entraîne microtraumatismes, désorganisation fibreuse et douleurs à la charge.
Un déséquilibre du bassin, un valgus dynamique du genou, une inégalité de longueur des membres inférieurs, ou une faiblesse du gainage latéral modifient profondément la trajectoire des forces sur la hanche.
Le tendon du moyen fessier est alors sollicité dans un axe excentré : il agit davantage comme un frein que comme un stabilisateur, créant une tension anormale au niveau du grand trochanter.
Ces compensations se rencontrent fréquemment chez les patientes présentant un morphotype en genu valgum, ou après des grossesses multiples avec modification du tonus des muscles pelviens.
Cette cause est souvent sous-estimée en pratique clinique.
En position assise prolongée, surtout sur des surfaces dures ou inclinées, le tendon est écrasé contre le trochanter. Ce phénomène de compression mécanique diminue la vascularisation locale et favorise la dégénérescence du collagène.
Certains étirements profonds notamment ceux visant à « détendre » les fessiers peuvent en réalité aggraver la compression et ralentir la guérison.
Les recommandations actuelles insistent sur ce point : « La flexion et l’adduction de hanche en charge augmentent la compression tendineuse et doivent être limitées dans la phase initiale ».
Les femmes post-ménopausées sont les plus touchées. La baisse des œstrogènes réduit la synthèse du collagène, la vascularisation tendineuse et la capacité de régénération.
De plus, le surpoids, la sédentarité, ou certains traitements (corticoïdes, fluoroquinolones) fragilisent encore davantage la matrice tendineuse.
Enfin, des études ont mis en évidence un lien entre tendinopathie fessière et syndrome douloureux myofascial : le muscle moyen fessier devient hypertonique, provoquant une tension permanente sur son tendon.
En résumé, la tendinopathie du moyen fessier naît d’un déséquilibre entre la charge imposée et la capacité du tendon à l’absorber, dans un environnement postural et hormonal parfois défavorable.
Les exercices de kinésithérapie sont le cœur du traitement. Ils visent à restaurer la tolérance mécanique du tendon, renforcer les muscles stabilisateurs et réduire la douleur.
Objectif : réactiver le muscle sans irriter le tendon.
Le pont fessier (bridging) et le clamshell (coquillage) sont les deux exercices de base. L’isométrie contraction statique du moyen fessier permet une stimulation sans mouvement et limite la compression tendineuse.
Le patient est invité à éviter les postures aggravantes : dormir sur le côté douloureux, croiser les jambes ou s’appuyer sur une seule jambe.
Lorsque la douleur diminue, le travail devient fonctionnel : abductions contrôlées, exercices en appui unipodal, marche latérale avec élastique, montée d’escaliers. Le kinésithérapeute veille à maintenir une bonne stabilité du bassin et à éviter les compensations du tronc.
Cette phase reproduit les gestes du quotidien ou du sport : squats latéraux, fentes, exercices en chaîne fermée.
L’objectif est de permettre au patient de retrouver un tendon capable d’absorber les contraintes du mouvement sans douleur.
Le niveau de douleur acceptable pendant l’exercice doit rester < 2/10 et disparaître dans les 24 h.
L’éducation du patient à la gestion de la charge est essentielle : trop peu de stimulation retarde la récupération, trop de charge l’aggrave.
Le temps de guérison dépend de l’ancienneté de la tendinopathie, de la sévérité des lésions et de la qualité du suivi kinésithérapique.
Les études montrent qu’une amélioration notable apparaît en 4 à 6 semaines si le diagnostic est précoce et la rééducation bien conduite.
Les formes chroniques ou associées à des facteurs mécaniques persistants nécessitent souvent 3 à 6 mois.
Dans les formes dégénératives importantes, la rééducation peut s’étendre sur 8 à 12 mois avant un retour complet à la charge maximale.
L’abandon prématuré du programme multiplie par trois le risque de rechute. Le succès dépend donc autant de la persévérance du patient que de la qualité du protocole.
Certains signes doivent alerter :
Le médecin réalisera un bilan médical complet : imagerie (IRM, échographie), évaluation de la bursite, prescription éventuelle d’un traitement complémentaire.
Une prise en charge multidisciplinaire kinésithérapeute, médecin du sport, rhumatologue ou chirurgien assure les meilleurs résultats.
Les traitements médicaux pour une tendinite du moyen fessier viennent en complément de la rééducation kinésithérapique, qui reste le pilier de la prise en charge. Leur objectif est de moduler la douleur, favoriser la cicatrisation tendineuse et, dans certains cas, traiter les lésions associées.
Les AINS (ibuprofène, naproxène, kétoprofène…) peuvent soulager la douleur dans les phases aiguës.
Cependant, leur utilisation prolongée est déconseillée : ils peuvent altérer la phase de réparation tendineuse.
Leur efficacité est limitée dans les tendinopathies chroniques, qui ne sont plus dominées par une inflammation mais par un processus dégénératif.
L’infiltration de corticoïdes reste courante dans les formes inflammatoires ou les bursites trochantériennes.
Efficaces pour réduire la douleur à court terme, elles présentent toutefois deux limites :
Les infiltrations de corticoïdes apportent un bénéfice significatif à 4 semaines, mais sont moins efficaces à 6 mois que la rééducation active.
Le PRP (ou plasma riche en plaquettes) est une approche biologique de plus en plus utilisée.
Prélevé sur le sang du patient, il contient des facteurs de croissance (VEGF, PDGF, IGF-1) favorisant la régénération du tissu tendineux.
Les études récentes montrent une amélioration significative de la douleur et de la fonction à 6 mois, surtout dans les tendinopathies chroniques récalcitrantes.
Les ondes de choc ont prouvé leur efficacité dans les tendinopathies glutaéales chroniques.
Elles stimulent la néovascularisation et la régénération tendineuse par microtraumatismes contrôlés.
Une étude française multicentrique rapporte une amélioration clinique dans 82 % des cas après 5 séances hebdomadaires, sans effets indésirables majeurs.
Elles représentent aujourd’hui une alternative sérieuse aux infiltrations de corticoïdes.
Lorsque la tendinopathie s’accompagne d’une rupture partielle ou complète du tendon, la réparation chirurgicale devient nécessaire.
Les techniques modernes (réinsertion endoscopique, bursectomie, décompression trochantérienne) permettent une récupération rapide, à condition d’un suivi kinésithérapique strict.
Le protocole post-opératoire inclut :
De nouvelles approches sont actuellement à l’étude :
Les premiers résultats suggèrent une synergie entre ces techniques. Il y a un taux de satisfaction supérieur à 85 % dans les cas chroniques.
La tendinite du moyen fessier est bien plus qu’une douleur latérale de hanche. C’est une pathologie du mouvement. Elle est souvent liée à un mode de vie sédentaire, à des postures figées et à des mouvements répétitifs mal contrôlés. La kinésithérapie moderne y répond par une approche active, individualisée et éducative.
Réapprendre à bouger autrement, à répartir la charge, à stabiliser le bassin, c’est redonner au tendon sa fonction naturelle de transmission d’énergie et de stabilisation.
Ainsi, la rééducation devient bien plus qu’un traitement. C’est une véritable reprogrammation du mouvement, fondée sur la science, la patience et la cohérence.
11 octobre 2024 - Pathologies
Très bons exercices…
Merci pour votre retour 🙂 Bien à vous, Cléo de l’équipe kiné par nature
Pouvez vous me conseiller vers quel collagène pour améliorer muscle péri forme provoquant douleurs des fessiers
Votre article m’a permis de voir plus clair
Bonjour,
Merci pour votre message, nous sommes ravis que l’article vous ait été utile ! 😊
Pour ce type de conseils, il est préférable de vous renseigner auprès de votre médecin traitant agréé, qui pourra vérifier la compatibilité d’un complément avec votre état de santé.
Cela dit, à titre informatif, il n’existe pas de forme de collagène ciblant directement le muscle piriforme, mais certaines formules peuvent soutenir la santé musculaire et tendineuse de manière globale. Les études montrent que le collagène hydrolysé de type I et III, associé à de la vitamine C (qui favorise sa synthèse), peut contribuer à la récupération musculaire et à la santé des tissus conjonctifs.
Si les douleurs fessières persistent, parlez-en à votre kinésithérapeute ou à votre médecin du sport : ils pourront confirmer la cause exacte et recommander, si besoin, un complément ou une approche de rééducation adaptée.
Bien à vous,
L’équipe KPN
Bonjour j’ai subi une arthrodèse orteil métatarse pied du pied gauche il y a 2 ans, depuis je marche comme je peux c’est-à-dire lentement mais n’est pas grave.
Il y a 6 mois j’ai développé une double tendinite fessier droit ,probablement dûe à une compensation car le pied gauche est très peu mobile…..une infiltration m’a fait du bien pendant 2/3 mois environ mais mes douleurs sont revenus plus fortes que jamais…. clairement je n’en peux plus.
la kinésithérapeute ma fait très mal maçon massant de manière trop forte donc j’ai arrêté d’y aller. Donc Lamalins et qq anti inflammatoires mais me font mal a l estomac.
Que me conseilleriez-vous? une chirurgie peut elle m aider a moins souffrir ?
Je vous remercie par avance pour votre attention
Bonjour Evelyne,
Au vu de votre parcours (arthrodèse, douleurs persistantes, tendinite de compensation, effets secondaires des médicaments), il n’est pas possible de vous orienter sans consultation. Pour comprendre l’origine précise de vos douleurs et voir si un traitement médical, de la kinésithérapie adaptée ou éventuellement une chirurgie peuvent vous aider, il faut vous examiner, regarder vos imageries, tester votre marche, vos appuis, votre mobilité, vos muscles, etc.
Nous vous conseillons de prendre rendez-vous avec votre médecin traitant et/ou un spécialiste (orthopédiste / médecin de la douleur / médecin MPR) afin de faire le point de manière complète. Vous pourrez alors discuter, avec un professionnel qui vous voit en présentiel, des différentes options possibles, y compris ou non chirurgicales.
Bien à vous,
L’équipe KPN