Kiné libéral : assistant, collaborateur ou remplaçant ?

Kiné libéral assistant, collaborateur ou remplaçant

Vous souhaitez devenir kiné en libéral et rejoindre un cabinet déjà existant sans en être le propriétaire ? C’est possible, et même très courant. Trois statuts s’offrent à vous pour démarrer : remplaçant, assistant libéral ou collaborateur libéral. Pour un jeune kiné en libéral, ces statuts permettent de débuter dans un cabinet sans acheter immédiatement de patientèle ni investir dans des locaux. En revanche, ils n’offrent ni les mêmes droits, ni les mêmes contraintes, ni les mêmes perspectives d’évolution. Avant de signer quoi que ce soit, il est donc essentiel de comprendre ce que recouvre chaque statut : comment vous facturez, à qui appartient la patientèle, quels sont vos frais, et ce que cela change pour votre avenir de kiné en libéral.

Démarrer comme kiné en libéral remplaçant

Le remplacement libéral est souvent le premier pas pour un jeune kiné en libéral. Il permet de se familiariser avec l’activité de cabinet (agenda, relation patient, facturation, travail en équipe) sans supporter les frais fixes de structure.

Pour être remplaçant, il faut être masseur-kinésithérapeute diplômé d’État, inscrit au tableau de l’Ordre et couvert par une assurance Responsabilité Civile Professionnelle (RCP) adaptée à l’exercice libéral.

Les 7 choses à savoir sur le kiné en libéral remplaçant

  1. Vous remplacez un titulaire réellement absent.
    Le remplacement correspond à l’absence d’un masseur-kinésithérapeute titulaire (congés, arrêt maladie, maternité, formation…). Vous prenez en charge sa patientèle pendant une période définie, dans son cabinet et avec son matériel.
  2. Vous découvrez le libéral sans supporter les frais du cabinet.
    Vous n’avez pas à payer le loyer, les charges ou l’équipement. En revanche, vous engagez pleinement votre responsabilité professionnelle, comme n’importe quel kiné en libéral installé.
  3. Les actes facturés sous le numéro du titulaire.
    Vous utilisez les feuilles de soins / FSE du titulaire (ou une CPS remplaçant si c’est prévu), en faisant apparaître votre identité. Administrativement, c’est le titulaire qui encaisse les honoraires.
  4. Vous percevez une rétrocession d’honoraires.
    Le titulaire vous reverse une rétrocession, généralement située entre 65 et 80 % des honoraires générés. Ces sommes sont des BNC et doivent être déclarées comme des revenus de kiné en libéral.
  5. La RCP est indispensable pour vous protéger.
    En cas d’erreur ou de litige, c’est vous qui êtes responsable des soins que vous avez réalisés. Une RCP bien choisie est donc indispensable dès vos premiers remplacements.
  6. Vous restez indépendant, sans lien de subordination.
    Même si vous travaillez dans “son” cabinet, vous ne devenez pas salarié : le titulaire n’exerce aucun lien de subordination sur vous. Le titulaire ne peut pas vous imposer les mêmes contraintes qu’un employeur, même si vous devez respecter l’organisation du cabinet et la déontologie.
  7. Le contrat de remplacement est obligatoire et contrôlé par l’Ordre.
    Un contrat écrit est indispensable. Il fixe la durée, la rétrocession, les conditions d’exercice et, le cas échéant, une clause de non-concurrence / non-réinstallation (limitée dans le temps et l’espace). Il faut le signer avant le début du remplacement puis le transmismettre au Conseil départemental de l’Ordre.

Le contrat de remplacement

Le contrat de remplacement doit préciser au minimum. La période de remplacement, le pourcentage de rétrocession et ses modalités de versement, les conditions d’exercice (horaires, domiciles, accès au plateau technique) ainsi que l’existence ou non d’une clause de non-concurrence. L’Ordre propose des modèles qui peuvent servir de base et sécuriser les deux parties.

Pour en savoir plus : ➡️ Remplacement kiné : trouver le bon remplaçant pour son cabinet

Exercer comme kiné en libéral assistant

Le statut d’assistant libéral s’adresse au kiné en libéral qui souhaite s’inscrire dans la durée dans un cabinet, tout en évitant de supporter seul les frais de structure. Contrairement au remplaçant, l’assistant exerce en même temps que le titulaire, aux côtés de lui ou d’autres kinés, sur une patientèle déjà existante.

Comme tout kiné en libéral, l’assistant doit être titulaire du DE de masseur-kinésithérapeute, inscrit à l’Ordre et bénéficiaire d’une RCP couvrant son exercice libéral.

  • Sur le plan pratique, l’assistant exerce en son nom propre. Il dispose de ses propres feuilles de soins ou FSE, de son numéro RPPS, et il facture directement les actes qu’il réalise. Il perçoit des honoraires et reverse une redevance au titulaire. Cette redevance couvre l’utilisation des locaux, du matériel, les frais de fonctionnement du cabinet (charges, énergie, logiciel, secrétariat éventuel) et la mise à disposition de la patientèle. Le pourcentage de redevance tourne le plus souvent autour de 30 à 40 % du chiffre d’affaires. Le contrat doit toujours le décrire précisément, avec éventuellement un plafond ou des modalités de révision.
  • Sur le plan du statut, l’assistant reste un kiné en libéral indépendant. Il n’existe toujours pas de lien de subordination avec le titulaire. Il garde sa liberté thérapeutique. Dans le respect des prescriptions médicales et des règles du cabinet. Il choisit les techniques de rééducation, la durée des séances, et l’organisation de ses journées. Il est en revanche pleinement responsable de ses actes et doit, comme le titulaire, disposer d’une RCP adaptée.

Un point clé distingue l’assistanat des autres statuts : l’assistant travaille principalement sur la patientèle du titulaire. En contrepartie de l’accès à cette patientèle déjà constituée, il ne développe pas réellement une patientèle personnelle autonome. C’est ce qui fait de l’assistanat un statut intéressant pour se stabiliser en tant que kiné en libéral. Mais il moins adapté si l’objectif est à moyen terme de reprendre ou de déplacer sa patientèle.

Le Contrat d’Assistant Libéral (CAL)

Le Code de la santé publique encadre aujourd’hui partiellement le Contrat d’Assistanat Libéral (CAL). Vous pouvez le conclure à durée déterminée ou indéterminée. Vous devez le renégocier au moins tous les quatre ans et le transmettre au Conseil départemental de l’Ordre.

Pour le reste, le contenu du contrat reste en grande partie librement négocié : montant et mode de calcul de la redevance, conditions d’exercice (jours, horaires, domiciles, accès au plateau technique), congés, modalités de rupture, éventuelle clause de non-concurrence.

Concrètement, cela signifie que pour un kiné en libéral assistant, le contrat est à la fois un cadre protecteur et une zone de vigilance. Relisez-le avec soin, demandez des explications sur chaque clause financière ou géographique et vérifiez sa compatibilité avec la déontologie (proportion de la redevance, interdiction excessive de s’installer ailleurs, etc.).

La grande différence avec le collaborateur libéral est donc la suivante. L’assistant profite de la structure et de la patientèle du cabinet, mais ne construit pas vraiment une patientèle qui lui appartienne. Le collaborateur, lui, est justement là pour développer sa propre activité avec le masseur-kiné titulaire les clauses du contrat. Prêtez donc une attention toute particulière à chaque clause avant de signer. Elles doivent obligatoirement respecter les règles de déontologie de la profession.

Se développer comme kiné en libéral collaborateur

Le statut de collaborateur libéral vise le kiné en libéral qui souhaite développer sa propre patientèle, en s’appuyant sur la structure d’un cabinet existant. C’est souvent un tremplin vers une reprise de patientèle ou une association.

Comme l’assistant, le collaborateur est libéral, diplômé, inscrit à l’Ordre et assuré en RCP.

Ce qu’il faut savoir sur le statut de kiné collaborateur

  1. Vous exercez votre propre activité au sein du cabinet. Vous gérez votre agenda, vos prises en charge et votre organisation, tout en travaillant dans les locaux d’un titulaire. Vous fonctionnez comme un kiné en libéral installé, mais dans un cadre partagé.
  2. Vous développez votre propre patientèle. C’est le point clé : le collaborateur développe sa patientèle personnelle. Le titulaire peut lui confier des patients au départ. Mais, l’objectif est que les patients s’attachent au collaborateur, ce qui change tout pour la suite.
  3. Vous facturez vos actes et versez une redevance. Vous facturez directement vos actes, encaissez vos honoraires, puis reversez au titulaire une redevance (souvent 30–40 % du chiffre d’affaires) pour l’utilisation des locaux, du matériel et des services communs. Le mode de calcul doit être très clair dans le contrat.
  4. Vous restez pleinement indépendant. Il n’y a aucun lien de subordination : vous restez un kiné en libéral indépendant, avec votre liberté thérapeutique et votre responsabilité propre. Le titulaire ne peut pas vous imposer des directives comme un employeur.
  5. La loi encadre le contrat de collaboration. Vous pouvez conclure un Contrat de Collaboration Libérale (CCL) à durée déterminée ou indéterminée. Vous devez le renégocier au moins tous les quatre ans et le transmettre au Conseil départemental de l’Ordre. Il structure la relation sur le long terme.
  6. La question de la patientèle est centrale. Le contrat doit préciser ce qui relève de la patientèle du titulaire et de la patientèle du collaborateur. Et, ce qu’il advient de cette patientèle en cas de départ ou de reprise de cabinet (conditions de cession, prix, modalités pratiques).
  7. Une clause de non-concurrence doit rester mesurée. Une clause de non-concurrence / non-réinstallation peut exister, mais elle n’est ni automatique ni illimitée. Elle est limitée dans le temps, raisonnable géographiquement et proportionnée. En cas de doute, mieux vaut demander un avis à l’Ordre ou à un juriste.

Le Contrat de Collaboration Libérale (CCL)

Le CCL doit au minimum préciser la durée (CDD, CDI), les modalités de redevance, les conditions d’exercice (jours, créneaux, domiciles, accès au plateau technique), les modalités de rupture (préavis, obligations réciproques), ainsi que les dispositions concernant la patientèle et une éventuelle reprise de cabinet. Pour un kiné en libéral qui se projette à moyen terme, c’est un document stratégique.

Quel statut choisir pour débuter comme kiné en libéral ?

En résumé, ces trois statuts n’ont pas le même rôle dans votre parcours de kiné en libéral :

  • Le remplaçant permet de découvrir l’activité libérale sans frais de structure, avec une activité temporaire mais une vraie responsabilité professionnelle.
  • L’assistant libéral offre une place stable dans un cabinet en s’appuyant sur la patientèle du titulaire, en échange d’une redevance, sans construire une patientèle vraiment personnelle.
  • Le collaborateur libéral est le plus adapté si vous voulez développer votre propre patientèle et préparer, à terme, une reprise de cabinet ou une installation plus autonome.

Votre choix dépendra de votre projet : tester plusieurs zones, vous poser dans un cabinet précis, reprendre une patientèle ou non, accepter ou non un certain niveau de risque financier et de charges.

Dans tous les cas, un réflexe de base pour un kiné en libéral. Ne jamais signer un contrat sans l’avoir lu en détail, sans avoir compris le calcul de la redevance, la portée des clauses de non-concurrence et les conséquences d’une éventuelle rupture. C’est souvent ce premier contrat qui façonne vos premières années d’exercice… et parfois la suite de votre carrière.

Le guide de l'installation kiné en libéral

Et vous, quel statut avez-vous choisi lors de vos débuts en tant que masseur-kiné libéral ? Auriez-vous des conseils à donner aux nouveaux MKDE ? Partagez votre expérience en commentaire !

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