Les ventouses en kinésithérapie
Cupping, Hijama, ventousothérapie, vacuothérapie… Tous ces termes renvoient à la même pratique : l’utilisation de ventouses dans un but de bien-être, voire même thérapeutique. Longtemps associée aux médecines traditionnelles, la technique connaît depuis quelques années un regain d’intérêt, notamment dans le sport de haut niveau. Les kinés font partie des professionnels qui s’y intéressent, parfois via des formations continues (chaque mois, plus de 100 recherches sont effectuées sur Google autour de « formation kiné ventouse »). Mais quelle est la place réelle de la ventouse en kinésithérapie en 2025 ? Quels bénéfices ? Quelle réglementation ? Et surtout, quels risques ?
Quels sont les bienfaits des ventouses en kinésithérapie ?
La ventouse est reconnue pour ses effets anti-inflammatoires, antalgiques, décongestionnants, drainants et détoxifiants. Ces résultats thérapeutiques ont fait leur preuve ! En kinésithérapie, la technique de la ventouse est employée à des fins thérapeutiques pour :
- les maux de dos (lombalgies, contractures musculaires) ;
- les troubles circulatoires (retour veineux paresseux, jambes lourdes) ;
- les œdèmes (post-traumatiques ou post-opératoires) ;
- certaines migraines ;
- des affections respiratoires (bronchites, asthme, encombrements) ;
- des blessures sportives (entorses, tendinites, crampes) ;
- des douleurs articulaires et rhumatismales ;
- des troubles digestifs (constipation, ballonnements) ;
- des troubles cutanés (acné, psoriasis, cicatrisation).
👉 Dans le cadre sportif, la ventouse est souvent présentée comme un outil de récupération musculaire et de prévention des blessures. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on voit régulièrement des athlètes avec des marques circulaires sur la peau (notamment Michael Phelps aux JO de 2016).
Comment sont utilisées les ventouses ?
Il s’agit de placer des ventouses à différents endroits du corps. Il existe 2 types de ventouse :
- les ventouses sèches : la ventouse aspire, dans un but de soulager la douleur. Elles sont en plastique ou en verre. Elles fonctionnent mécaniquement via un pompage, ou via un réchauffement de la ventouse avant de l’appliquer sur la peau ;
- les ventouses humides : une légère incision est pratiquée avant d’appliquer la ventouse. Cela est interdit en France.
Les ventouses sont utilisées un peu partout dans le monde depuis probablement l’Égypte ancienne.
Qui peut poser des ventouses en France ?
En théorie, les ventouses peuvent être posées par divers praticiens : kinésithérapeutes, ostéopathes, voire certains préparateurs physiques ou coachs formés à la méthode.
⚠️ Mais attention : en France, la ventouse est considérée comme de la médecine alternative. Pour la pratiquer en toute légalité, le praticien doit être inscrit à l’Ordre des médecins.
En pratique, cela signifie que les kinés ne peuvent pas poser des ventouses à leurs patients, même en hors nomenclature. ⬇️⬇️
La pratique des ventouses est-elle réglementaire pour les kinés ?
En mars 2021, le Conseil de l’Ordre des kinés a émis un avis déontologique sur l’utilisation des ventouses par les kinésithérapeutes. La conclusion de leur avis sur la thérapie par ventouses parle d’elle-même :
La pratique des ventouses étant, à ce jour, insuffisamment éprouvée et faisant courir au patient un risque injustifié de lésion (saignement, brûlure etc.), le kinésithérapeute ne peut proposer ce procédé conformément aux dispositions des articles R.4321-87 et R.4321-88 du code de la santé publique.
🚫 Dit plus simplement : les kinés n’ont pas le droit d’utiliser les ventouses sur leur patient.
⚖️ Les risques auxquels s’exposent les kinés utilisant tout de même les ventouses sont :
- un rappel à l’Ordre du CNOMK ;
- des sanctions disciplinaires ;
- un dépôt de plainte via les juridictions compétentes.
Le code de déontologie s’applique même lorsque les kinés pratiquent en hors nomenclature. Réglementairement, il n’est donc pas non plus possible de pratiquer les ventouses en hors nomenclature.
Que disent les études scientifiques sur les ventouses ?
Depuis les années 2000, une dizaine à quelques dizaines d’études sont publiées chaque année sur les ventouses, dans des revues indexées dans la Medline (Pubmed). Voici une liste non exhaustive des pathologies prises en charge par des kinés sur lesquelles la vacuothérapie a été testée dans des études cliniques :
- migraines ;
- troubles musculo-squelettiques ;
- douleurs lombaires ;
- effets secondaires de certains cancers ;
- syndrome de douleur myofascial ;
- douleurs menstruelles ;
- aponévrosite plantaire ;
- spondylarthrite ankylosante ;
- arthrose du genou.
Bien sûr, cela ne signifie pas pour autant que l’efficacité propre et les bienfaits sont démontrés pour chacune de ces indications. Il faut aller voir au cas par cas les études publiées pour chaque indication, et voir s’il est possible et raisonnable de penser qu’il y a un effet propre des ventouses (au-delà du simple effet placebo). De manière générale, les synthèses d’étude concluent quant à une très faible qualité des données (qu’elles aillent ou non dans le sens de l’efficacité).
Quels sont les risques et effets secondaires ?
Il existe des études qui rapportent des effets secondaires liés à l’utilisation des ventouses. Notamment à cause d’une utilisation prolongée sur des personnes avec des problèmes dermatologiques ou d’autres pathologies. En voici une liste non exhaustive :
- ecchymoses et hématomes (marques circulaires persistantes) ;
- brûlures cutanées (en cas de chauffe excessive) ;
- infections locales (en cas de mauvaise hygiène) ;
- hyperpigmentation ;
- dans de rares cas, abcès ou ulcères chroniques.
Qu’en retenir pour l’exercice libéral ?
Vous faites peut-être partie de ces kinés curieux qui sont intrigués par l’utilisation des ventouses. Peut-être avez-vous eu des retours positifs de collègues ou de patients. Vous avez sans doute reçu dans votre boîte aux lettres ou boîte mail de la promotion pour une formation sur le sujet, souvent en 1 jour.
Deux choses sans doute à bien avoir en tête avant de se lancer dans une formation, ou de pratiquer les ventouses en cabinet :
- la vacuothérapie fait partie des rares techniques interdites aux kinésithérapeutes ;
- parmi la masse des techniques à visée antalgique disponibles, rien ne laisse penser qu’elle soit plus pertinente que d’autres. Et des effets secondaires sont connus.
👉 En revanche, il peut être intéressant de s’informer sur cette pratique pour :
- mieux répondre aux patients qui posent des questions (et ils sont nombreux, surtout après avoir vu des sportifs médiatisés en utiliser) ;
- comprendre pourquoi certains praticiens hors cadre médical continuent à la proposer.
La ventousothérapie séduit par son histoire millénaire, ses promesses de soulagement et son image de médecine naturelle. Mais pour un kiné libéral en France, elle reste interdite et scientifiquement non validée.
Avant d’investir dans une « formation kiné ventouse » ou du matériel, il est donc crucial d’avoir en tête le cadre légal et les données scientifiques. Dans votre quotidien de soignant, mieux vaut privilégier des techniques éprouvées et autorisées, tout en gardant un œil critique et curieux sur les tendances émergentes.
Envie d’ajouter votre avis sur ce sujet délicat de l’utilisation des ventouses en kiné ? Votre commentaire est le bienvenu.
J’utilise mes ventouses tous les jours ! C’est pas plus dangereux que le theragun !!! C’est 1 autre façon de mobiliser les tissus notamment les fascias !!!!