Et si devenir formateur kiné était votre second métier ?
Envie de transmettre, d’élargir vos horizons professionnels et de diversifier vos sources de revenus ? Devenir formateur kiné auprès de vos pairs ou d’autres publics peut être une excellente idée. Kiné par Nature a rencontré Ludovic Richaud, kinésithérapeute spécialisé dans le rachis. Il est également enseignant à l’IFMK de Marseille, formateur en entreprise et dans les écoles. Passionné, il nous dévoile les multiples facettes de ses missions 💎.
Richard, pourriez-vous nous parler de vos différentes missions professionnelles ?
Je suis kiné libéral. Je suis associé avec des copains à Carnoux-en-Provence dans un cabinet de 700m2 et de 19 kinés. Nous fonctionnons par pôle : membre supérieur, membre inférieur, rachis et autres pathologies. Je suis responsable du rachis. Je ne vois plus que des dos depuis 15 ans, un des principaux troubles musculo-squelettiques. D’ailleurs, c’est de là qu’est parti ma mission de formateur en entreprise. J’interviens aussi dans le cadre du programme « Promotion de la santé en milieu scolaire » et j’enseigne à l’IFMK de Marseille.
Comment s’est concrétisée votre collaboration avec l’IFMK ?
C’est arrivé par hasard, lors d’une réunion professionnelle. J’étais assis à côté de Sébastien Mirapeix, le directeur de l’IFMK de Marseille. Un gars génial avec un projet extraordinaire pour l’école ! À ce propos, elle est devenue la plus grande école de France ! En fait, on est parti d’un constat : les kinés remplaçants et les nouveaux diplômés sont très mal à l’aise avec le dos. Ils rêvent tous de faire du membre inférieur, mais le dos, ça leur fait très peur. Et de fil en aiguille, Sébastien me dit « j’aimerais beaucoup que tu viennes parler aux étudiants du rachis ». Ça s’est fait aussi simplement que cela !
À qui enseignez-vous ?
J’anime des travaux pratiques pour les quatrièmes années (K4). Mes cours sont obligatoires, ce qui fait que je connais toute la promotion. Parfois, je vois 200 étudiants de 08h00 à 20h00. C’est intense, mais honnêtement, c’est le truc qui m’anime le plus, je me régale, c’est extraordinaire. Si on m’avait dit un jour j’y retournerais en tant qu’enseignant, je n’y aurais jamais cru !
Qu’est-ce qui vous tient à cœur dans votre rôle d’enseignant ?
J’ai une espèce de mission bizarre que je m’étais promis de réussir : dédramatiser le traitement du dos. Beaucoup de jeunes kinés sont terrorisés à l’idée de traiter des pathologies rachidiennes, alors qu’il n’y a rien de plus solide qu’un dos. Mon objectif est de les rassurer, de leur donner confiance, de leur faire gagner du temps et de leur partager les clés pour qu’ils se sentent plus à l’aise.
Qu’est-ce qui vous anime dans l’enseignement ?
La richesse des échanges ! J’ai la chance d’avoir devant moi des jeunes passionnés, ils viennent chercher quelque chose que je suis capable de leur apporter, c’est stimulant et épanouissant ! Je suis aussi très curieux, et les étudiants m’apprennent parfois autant que je leur apprends. Cette dynamique d’échange est fantastique.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le programme que vous accompagnez dans les écoles ?
En plus de mon activité libérale et d’enseignant, je participe au programme national « Promotion de la santé en milieu scolaire ». C’est un programme fantastique qui a été inventé par un mec génial, Nicolas Machuret. C’est un peu l’équivalent d’MT dents. Sa mission est de dépister dès le plus jeune âge les cas de scolioses et de faire rentrer les enfants dans une boucle de soins. En effet, dites-vous qu’en gros 2% des 10 à 16 ans sont sujets à cette pathologie. On les sensibilise aussi aux bons comportements à adopter : port du cartable, gestion raisonnée du temps devant les écrans et alimentation équilibrée.
Je forme en parallèle les kinés des Bouches-du-Rhône qui veulent rentrer dans ce programme. J’ai un réseau de 25 kinés qui passent une demi-journée dans des classes de CM2.
Le programme est en partenariat avec la Sécurité sociale, c’est elle qui contacte les établissements et gère tout l’administratif. Il devrait devenir étatique d’ici à un ou deux ans.
Comment parvenez-vous à concilier vos différentes activités ?
Je travaille quatre jours par semaine en libéral, ce qui me laisse une journée pour mes autres projets. C’est le gros avantage d’être indépendant. Sur mon temps libre, je peux aller dans les écoles, en entreprises ou parfois auprès de copains chirurgiens. On fait des EPU, ce sont des enseignements post-universitaire où l’on réfléchit à promouvoir notre métier, à s’informer pour ensuite partager les dernières avancées auprès des professionnels et des étudiants. Le dernier en date s’est tenu au stade Vélodrome avec l’équipe de l’Issem. Des chirurgiens y ont présenté la méthode d’endoscopie chirurgicale lombaire, qui, comme l’arthroscopie pour le genou, est en train de révolutionner la chirurgie du dos. Pour ma part, j’intervenais sur la rééducation post-chirurgicale. Au même moment, une opération en live était diffusée depuis la clinique Monticelli, à côté du Vélodrome. Le chirurgien a même enlevé une hernie discale. J’ai eu la chance de montrer cette opération à mes étudiants en direct, fascinant !
Avez-vous toujours eu l’envie de transmettre ?
Pas du tout, parce que j’étais très timide. Au fil du temps, transmettre est devenu plus facile, surtout, car j’avais acquis une certaine maîtrise de mon sujet. Personnellement, j’ai donc évolué doucement et mis du temps à être à l’aise dans ma pratique, d’ailleurs, je me forme encore énormément.
Aujourd’hui, j’ai une véritable envie de transmettre. Avec des confrères, nous travaillons sur la création d’une plateforme dédiée à la formation des kinés, notamment pour devenir formateur kiné. Ce modèle pourra également s’adapter à d’autres thématiques, comme la création de formations en néothérapie. L’idée est née simplement, en réponse aux nombreuses sollicitations de professionnels curieux de savoir comment nous avions structuré et développé nos projets. C’est un défi passionnant, et honnêtement, on y prend beaucoup de plaisir !
Un dernier mot pour les kinés qui souhaiteraient se lancer dans l’enseignement ?
Il faut se donner le temps de maîtriser sa pratique et de trouver son style de transmission, mais cela en vaut la peine. Enseigner est une expérience enrichissante. On transmet, mais on reçoit mille fois plus !
🫶 Un immense merci à Ludovic pour cet échange plein d’enthousiasme et enrichissant.
Et vous, envie de devenir formateur kiné en sus de votre mission de kiné libéral ?