Ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire en tant que kinésithérapeute en 2026

Ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire en tant que kinésithérapeute en 2026

En 2026, la maison de santé pluridisciplinaire s’impose comme l’un des modèles les plus structurants de l’exercice coordonné en France. Soutenues par les Agences régionales de santé (ARS) et inscrites dans les objectifs nationaux d’amélioration de l’accès aux soins, elles deviennent un choix stratégique pour les masseurs-kinésithérapeutes libéraux qui souhaitent évoluer vers un exercice plus collectif, plus lisible pour les patients et plus stable économiquement. Mais ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire en tant que kinésithérapeute ne s’improvise pas : il s’agit d’un projet complexe, encadré, long, et qui exige une vision d’ensemble sur les besoins du territoire, la structuration de l’équipe, la gouvernance, le financement et la conformité réglementaire. Zoom dans cet article !

Pourquoi les kinés sont devenus centraux dans les projets de maison de santé pluridisciplinaire

Les études récentes de la DREES et de l’IRDES montrent que les structures d’exercice coordonné dont les maisons de santé pluridisciplinaires améliorent l’accessibilité, la continuité des soins et l’attractivité des territoires pour les médecins généralistes, en particulier dans les zones sous-dotées.

Dans cette recomposition du premier recours, le kinésithérapeute n’est plus à la marge. Plusieurs tendances convergent :

  • le vieillissement de la population et la hausse de la dépendance ;
  • la montée des pathologies chroniques (musculo-squelettiques, respiratoires, métaboliques) ;
  • l’accent mis par la HAS et la Stratégie nationale de santé 2025–2030 sur la prévention, l’activité physique, la mobilité et la rééducation dans les parcours de soins.

Autrement dit, ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire sans kiné n’a plus beaucoup de sens dans de nombreux territoires : votre expertise est au cœur des besoins de terrain.

En 2026, les ARS confirment qu’un projet de maison de santé pluridisciplinaire peut être porté par n’importe quel professionnel de santé libéral, à condition de réunir une équipe pluriprofessionnelle structurée et de produire un projet de santé territorialement pertinent.

Pour vous, kinésithérapeute, cela change tout : vous pouvez être initiateur du projet, et non simple figurant dans une structure déjà pensée par d’autres.


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Les conditions à réunir pour ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire en 2026

Les cahiers des charges et guides ARS publiés depuis 2024 convergent : pour qu’une maison de santé pluridisciplinaire soit reconnue et soutenue, trois blocs sont systématiquement examinés.

Une équipe pluriprofessionnelle crédible et engagée

Une maison de santé pluridisciplinaire, au sens des textes, n’est pas un simple regroupement immobilier. C’est une équipe de soins primaires structurée, qui partage une patientèle, un projet de santé et des modalités d’organisation communes.

Concrètement, les ARS attendent, au minimum :

  • la présence de médecins généralistes exerçant sur place ;
  • des infirmiers libéraux ;
  • au moins un autre auxiliaire médical (dont les kinés jouent souvent le rôle pivot) ;
  • un engagement formalisé de chaque professionnel dans la vie de la structure : réunions pluridisciplinaires, implication dans la coordination, participation aux actions de prévention.

En pratique, la fragilité de l’équipe fondatrice est l’une des premières causes d’échec des projets. C’est pourquoi, en tant que kinésithérapeute porteur, vous devez investir beaucoup de temps au départ dans le recrutement, l’écoute et l’alignement des futurs associés.

Un projet de santé réellement ancré dans le territoire

Le projet de santé est le cœur du dossier examiné par l’ARS. Les guides régionaux (Nouvelle-Aquitaine, Bretagne, etc.) insistent sur une exigence accrue depuis 2024. Ce document doit être argumenté, chiffré et territorialement justifié.

On y attend notamment :

  • un diagnostic local : démographie, offre existante, zones sous-denses, difficultés d’accès, renoncements aux soins ;
  • l’identification des priorités de santé : vieillissement, maladies chroniques, santé de l’enfant, santé mentale, pathologies musculo-squelettiques, etc. ;
  • la description de parcours coordonnés : comment la maison de santé pluridisciplinaire organise concrètement la prise en charge, le suivi, la réorientation ;
  • un volet prévention et promotion de la santé : ateliers, actions collectives, liens avec les collectivités, établissements médico-sociaux et associations.

Pour vous, kinésithérapeute, c’est l’occasion d’inscrire noir sur blanc votre rôle dans des parcours que vous connaissez par cœur : prévention des chutes, rééducation post-opératoire, troubles de l’équilibre, insuffisance respiratoire, douleurs chroniques, sédentarité… C’est aussi là que vous pouvez proposer des projets concrets d’activité physique adaptée ou d’éducation thérapeutique.

Des locaux conformes aux normes et adaptés à la coordination

Les textes et plans nationaux (notamment le Plan “4 000 maisons de santé” et ses déclinaisons régionales) ont clarifié ce qu’on attend d’une maison de santé pluridisciplinaire sur le plan immobilier. Accessibilité, conformité ERP, qualité d’accueil et espaces dédiés à la coordination.

Cela signifie, pour votre projet :

  • des salles de consultation et de rééducation adaptées (confidentialité, ergonomie, circulation) ;
  • des espaces partagés (salles de réunion, lieu de pause, salles d’éducation thérapeutique ou d’ateliers collectifs) ;
  • un système d’information commun, sécurisé, interopérable, compatible avec l’INS, Mon Espace Santé, le DMP et les messageries sécurisées.

Le numérique n’est plus un “bonus” : il est considéré comme une condition de capacité réelle à exercer en mode coordonné.

Montage juridique et financement : ce qu’un kiné fondateur doit vraiment anticiper

Ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire, c’est aussi accepter de plonger dans le droit des sociétés, la fiscalité, les plans de financement et les dossiers d’aides. C’est souvent là que les projets portés par des soignants s’essoufflent… faute d’anticipation.

SISA, SCI, association : la colonne vertébrale juridique

En 2026, la SISA (Société interprofessionnelle de soins ambulatoires) reste la forme de société la plus utilisée pour porter l’organisation d’une maison de santé pluridisciplinaire. Elle permet de :

La plupart des projets se construisent avec un montage à deux niveaux :

  • une SISA, pour l’organisation des soins et la coordination ;
  • une SCI (ou une autre structure immobilière), pour l’achat ou la construction des locaux.

En tant que kinésithérapeute fondateur, vous devez être attentif à plusieurs clauses. Répartition des parts, modalités d’entrée et de sortie, règles de vote, place de chaque profession dans les décisions, articulation entre SISA et SCI. Une maison de santé pluridisciplinaire peut être très attractive au départ… et devenir invivable si la gouvernance est bancale.

Un financement lourd, mais des leviers variés

Les analyses récentes de la Banque des Territoires et des acteurs bancaires montrent qu’un projet de maison de santé pluridisciplinaire représente un investissement global souvent situé entre 600 000 € et 2,5 M€, selon le foncier, la surface, le niveau d’équipement et la complexité du projet.

Heureusement, plusieurs types de financements peuvent être combinés. Parmi les principaux, on retrouve :

  • des crédits d’ingénierie et d’investissement mobilisés par les ARS (fonds de modernisation, FMIS) pour l’étude et les travaux ;
  • des apports des collectivités (communes, intercommunalités, départements), notamment via des dispositifs d’aide à la création ou à la réhabilitation de maisons de santé pluridisciplinaires ;
  • des investissements ou prêts longue durée de la Banque des Territoires, en particulier dans les territoires fragiles ;
  • des financements privés : apports des professionnels, emprunts bancaires classiques, prêts d’honneur, etc.

Ce qui est scruté aujourd’hui, ce n’est pas seulement le montage financier initial, mais la viabilité à 5 ans. Capacité à couvrir les charges, à maintenir l’équipe, à financer la coordination, à absorber les aléas (départ d’un médecin, baisse d’activité, surcoûts de travaux…).

Le coordinateur : un poste qu’il ne faut plus “bricoler”

Les enquêtes Efop de l’IRDES, menées en partenariat avec AVECsanté, confirment que les maisons de santé pluridisciplinaires qui fonctionnent le mieux sont celles qui disposent d’un coordinateur dédié, et pas d’un professionnel de santé qui “fait ça en plus”.

Son rôle est loin d’être cosmétique :

  • animer les réunions d’équipe ;
  • suivre la mise en œuvre du projet de santé ;
  • piloter les relations avec l’ARS, les collectivités, les partenaires ;
  • organiser les parcours coordonnés ;
  • produire les indicateurs demandés par les financeurs.

Pour un kiné fondateur, cela signifie qu’il faut intégrer ce poste dans le modèle économique dès le départ, plutôt que de compter sur du bénévolat qui s’essoufflera vite.

Les grandes étapes pour ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire en tant que kiné

Même avec une forte motivation, ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire est un projet de long cours. Les retours de terrain et les plans nationaux montrent que deux à trois ans sont souvent nécessaires entre la première réunion et l’ouverture effective.

Fédérer l’équipe et clarifier les attentes

La première phase, parfois sous-estimée, consiste à réunir les futurs associés et à mettre à plat les attentes de chacun. Vision de l’exercice coordonné, volumétrie d’activité, place donnée à la prévention, souhait d’encadrement d’étudiants, équilibre vie pro/vie perso, etc.

C’est lors de ces réunions que vous, kinésithérapeute, pouvez :

  • présenter votre vision des parcours de rééducation et de prévention ;
  • expliquer comment une maison de santé pluridisciplinaire peut améliorer la prise en charge globale des patients ;
  • clarifier ce que vous attendez en termes de collaboration avec les médecins, les infirmiers, les pharmaciens, les structures médico-sociales.

4.2. Rédiger le projet de santé et structurer la gouvernance

Une fois le noyau d’équipe constitué, vous entrez dans une phase de travail plus “éditoriale”. Rédaction du projet de santé, trame de gouvernance, préfiguration de l’organisation quotidienne.

C’est le moment où il faut :

  • traduire en objectifs concrets les besoins du territoire ;
  • préciser les parcours prioritaires (personnes âgées, pathologies chroniques, pédiatrie, santé mentale…) et la place de chaque profession ;
  • définir les instances de décision (réunions, votes, référents thématiques) ;
  • penser l’intégration, à terme, de nouveaux professionnels (orthophonistes, ergothérapeutes, psychologues, sages-femmes…).

Pour un kiné, cette phase est stratégique. En effet, c’est là que vous faites reconnaître votre rôle de référent sur certains parcours. (Par exemple : “prévention des chutes et fragilité”, “rééducation post-orthopédie”, “activité physique adaptée pour pathologies chroniques”).

Dossier ARS, travaux, installation : la concrétisation d’une maison de santé pluridisciplinaire

Une fois le projet de santé consolidé, le montage juridique validé et le plan de financement ficelé, vient la phase de dépôt du dossier auprès de l’ARS. Celle-ci vérifie l’adéquation du projet avec le cahier des charges régional, la réalité des besoins du territoire et la viabilité de la structure.

L’instruction peut être l’occasion d’échanges, de demandes de compléments, voire de réajustements. Si l’avis est favorable, le projet entre dans la phase opérationnelle. Travaux, aménagement, installation du système d’information, recrutement du coordinateur ou du secrétariat, mise en place des premiers protocoles et parcours.

Les premiers mois d’ouverture sont souvent très chargés. Il faut absorber l’augmentation du flux, expliquer aux patients le fonctionnement de la maison de santé pluridisciplinaire, roder la coordination et accepter une phase transitoire où tout n’est pas encore fluide.

Quelle place pour le kinésithérapeute dans une maison de santé pluridisciplinaire ouverte en 2026 ?

Une fois la maison de santé pluridisciplinaire ouverte, votre rôle dépasse largement la série de séances inscrites sur une ordonnance. Vous devenez :

  • acteur des parcours territoriaux : repérage de la fragilité, suivi des patients à risque de chute, accompagnement de la sortie d’hospitalisation ;
  • pilote d’actions de prévention : ateliers collectifs d’activité physique, éducation à la mobilité, séances d’information sur les postures au travail, programmes en lien avec les collectivités ou les associations ;
  • partenaire quotidien des médecins, IDEL, pharmaciens, psychologues, travailleurs sociaux, dans une approche globale de la santé.

Les études disponibles montrent que les structures pluriprofessionnelles bien organisées renforcent la satisfaction professionnelle, améliorent la qualité des soins perçue par les patients et attirent plus facilement de jeunes médecins et paramédicaux sur le territoire.

Pour un kinésithérapeute libéral, ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire en 2026, c’est donc moins “changer de métier” que changer d’échelle. Vous passez ainsi d’un cabinet centré sur vos propres patients à une structure qui pense, organise et pilote la santé d’un territoire entier

Dès lors, vous êtes peut-être déjà en train de visualiser les professionnels avec lesquels vous aimeriez monter votre projet. Au contraire, vous hésitez encore devant l’ampleur de la tâche. Dans tous les cas, si vous deviez choisir aujourd’hui un premier axe fort autour duquel construire votre future maison de santé pluridisciplinaire de kiné (prévention des chutes, post-opératoire, pathologies respiratoires, activité physique adaptée…), lequel serait, selon vous, le plus pertinent pour votre territoire ?

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