Cabinet de groupe ou cabinet solo : les avantages et inconvénients pour un kiné libéral
17 septembre 2025 - Gestion de cabinet

En 2026, la maison de santé pluridisciplinaire s’impose comme l’un des modèles les plus structurants de l’exercice coordonné en France. Soutenues par les Agences régionales de santé (ARS) et inscrites dans les objectifs nationaux d’amélioration de l’accès aux soins, elles deviennent un choix stratégique pour les masseurs-kinésithérapeutes libéraux qui souhaitent évoluer vers un exercice plus collectif, plus lisible pour les patients et plus stable économiquement. Mais ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire en tant que kinésithérapeute ne s’improvise pas : il s’agit d’un projet complexe, encadré, long, et qui exige une vision d’ensemble sur les besoins du territoire, la structuration de l’équipe, la gouvernance, le financement et la conformité réglementaire. Zoom dans cet article !
Les études récentes de la DREES et de l’IRDES montrent que les structures d’exercice coordonné dont les maisons de santé pluridisciplinaires améliorent l’accessibilité, la continuité des soins et l’attractivité des territoires pour les médecins généralistes, en particulier dans les zones sous-dotées.
Dans cette recomposition du premier recours, le kinésithérapeute n’est plus à la marge. Plusieurs tendances convergent :
Autrement dit, ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire sans kiné n’a plus beaucoup de sens dans de nombreux territoires : votre expertise est au cœur des besoins de terrain.
En 2026, les ARS confirment qu’un projet de maison de santé pluridisciplinaire peut être porté par n’importe quel professionnel de santé libéral, à condition de réunir une équipe pluriprofessionnelle structurée et de produire un projet de santé territorialement pertinent.
Pour vous, kinésithérapeute, cela change tout : vous pouvez être initiateur du projet, et non simple figurant dans une structure déjà pensée par d’autres.
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Les cahiers des charges et guides ARS publiés depuis 2024 convergent : pour qu’une maison de santé pluridisciplinaire soit reconnue et soutenue, trois blocs sont systématiquement examinés.
Une maison de santé pluridisciplinaire, au sens des textes, n’est pas un simple regroupement immobilier. C’est une équipe de soins primaires structurée, qui partage une patientèle, un projet de santé et des modalités d’organisation communes.
Concrètement, les ARS attendent, au minimum :
En pratique, la fragilité de l’équipe fondatrice est l’une des premières causes d’échec des projets. C’est pourquoi, en tant que kinésithérapeute porteur, vous devez investir beaucoup de temps au départ dans le recrutement, l’écoute et l’alignement des futurs associés.
Le projet de santé est le cœur du dossier examiné par l’ARS. Les guides régionaux (Nouvelle-Aquitaine, Bretagne, etc.) insistent sur une exigence accrue depuis 2024. Ce document doit être argumenté, chiffré et territorialement justifié.
On y attend notamment :
Pour vous, kinésithérapeute, c’est l’occasion d’inscrire noir sur blanc votre rôle dans des parcours que vous connaissez par cœur : prévention des chutes, rééducation post-opératoire, troubles de l’équilibre, insuffisance respiratoire, douleurs chroniques, sédentarité… C’est aussi là que vous pouvez proposer des projets concrets d’activité physique adaptée ou d’éducation thérapeutique.
Les textes et plans nationaux (notamment le Plan “4 000 maisons de santé” et ses déclinaisons régionales) ont clarifié ce qu’on attend d’une maison de santé pluridisciplinaire sur le plan immobilier. Accessibilité, conformité ERP, qualité d’accueil et espaces dédiés à la coordination.
Cela signifie, pour votre projet :
Le numérique n’est plus un “bonus” : il est considéré comme une condition de capacité réelle à exercer en mode coordonné.
Ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire, c’est aussi accepter de plonger dans le droit des sociétés, la fiscalité, les plans de financement et les dossiers d’aides. C’est souvent là que les projets portés par des soignants s’essoufflent… faute d’anticipation.
En 2026, la SISA (Société interprofessionnelle de soins ambulatoires) reste la forme de société la plus utilisée pour porter l’organisation d’une maison de santé pluridisciplinaire. Elle permet de :
La plupart des projets se construisent avec un montage à deux niveaux :
En tant que kinésithérapeute fondateur, vous devez être attentif à plusieurs clauses. Répartition des parts, modalités d’entrée et de sortie, règles de vote, place de chaque profession dans les décisions, articulation entre SISA et SCI. Une maison de santé pluridisciplinaire peut être très attractive au départ… et devenir invivable si la gouvernance est bancale.
Les analyses récentes de la Banque des Territoires et des acteurs bancaires montrent qu’un projet de maison de santé pluridisciplinaire représente un investissement global souvent situé entre 600 000 € et 2,5 M€, selon le foncier, la surface, le niveau d’équipement et la complexité du projet.
Heureusement, plusieurs types de financements peuvent être combinés. Parmi les principaux, on retrouve :
Ce qui est scruté aujourd’hui, ce n’est pas seulement le montage financier initial, mais la viabilité à 5 ans. Capacité à couvrir les charges, à maintenir l’équipe, à financer la coordination, à absorber les aléas (départ d’un médecin, baisse d’activité, surcoûts de travaux…).
Les enquêtes Efop de l’IRDES, menées en partenariat avec AVECsanté, confirment que les maisons de santé pluridisciplinaires qui fonctionnent le mieux sont celles qui disposent d’un coordinateur dédié, et pas d’un professionnel de santé qui “fait ça en plus”.
Son rôle est loin d’être cosmétique :
Pour un kiné fondateur, cela signifie qu’il faut intégrer ce poste dans le modèle économique dès le départ, plutôt que de compter sur du bénévolat qui s’essoufflera vite.
Même avec une forte motivation, ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire est un projet de long cours. Les retours de terrain et les plans nationaux montrent que deux à trois ans sont souvent nécessaires entre la première réunion et l’ouverture effective.
La première phase, parfois sous-estimée, consiste à réunir les futurs associés et à mettre à plat les attentes de chacun. Vision de l’exercice coordonné, volumétrie d’activité, place donnée à la prévention, souhait d’encadrement d’étudiants, équilibre vie pro/vie perso, etc.
C’est lors de ces réunions que vous, kinésithérapeute, pouvez :
Une fois le noyau d’équipe constitué, vous entrez dans une phase de travail plus “éditoriale”. Rédaction du projet de santé, trame de gouvernance, préfiguration de l’organisation quotidienne.
C’est le moment où il faut :
Pour un kiné, cette phase est stratégique. En effet, c’est là que vous faites reconnaître votre rôle de référent sur certains parcours. (Par exemple : “prévention des chutes et fragilité”, “rééducation post-orthopédie”, “activité physique adaptée pour pathologies chroniques”).
Une fois le projet de santé consolidé, le montage juridique validé et le plan de financement ficelé, vient la phase de dépôt du dossier auprès de l’ARS. Celle-ci vérifie l’adéquation du projet avec le cahier des charges régional, la réalité des besoins du territoire et la viabilité de la structure.
L’instruction peut être l’occasion d’échanges, de demandes de compléments, voire de réajustements. Si l’avis est favorable, le projet entre dans la phase opérationnelle. Travaux, aménagement, installation du système d’information, recrutement du coordinateur ou du secrétariat, mise en place des premiers protocoles et parcours.
Les premiers mois d’ouverture sont souvent très chargés. Il faut absorber l’augmentation du flux, expliquer aux patients le fonctionnement de la maison de santé pluridisciplinaire, roder la coordination et accepter une phase transitoire où tout n’est pas encore fluide.
Une fois la maison de santé pluridisciplinaire ouverte, votre rôle dépasse largement la série de séances inscrites sur une ordonnance. Vous devenez :
Les études disponibles montrent que les structures pluriprofessionnelles bien organisées renforcent la satisfaction professionnelle, améliorent la qualité des soins perçue par les patients et attirent plus facilement de jeunes médecins et paramédicaux sur le territoire.
Pour un kinésithérapeute libéral, ouvrir une maison de santé pluridisciplinaire en 2026, c’est donc moins “changer de métier” que changer d’échelle. Vous passez ainsi d’un cabinet centré sur vos propres patients à une structure qui pense, organise et pilote la santé d’un territoire entier
Dès lors, vous êtes peut-être déjà en train de visualiser les professionnels avec lesquels vous aimeriez monter votre projet. Au contraire, vous hésitez encore devant l’ampleur de la tâche. Dans tous les cas, si vous deviez choisir aujourd’hui un premier axe fort autour duquel construire votre future maison de santé pluridisciplinaire de kiné (prévention des chutes, post-opératoire, pathologies respiratoires, activité physique adaptée…), lequel serait, selon vous, le plus pertinent pour votre territoire ?
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