Kiné et cancer du sein : un pilier du parcours de soins en 2025

Kiné et cancer du sein : un pilier du parcours de soins en 2025

Cancer du sein en kiné, trois mots qui résument un enjeu majeur de santé publique. En France, plus de 61 000 femmes reçoivent chaque année un diagnostic de cancer du sein, selon les dernières données de l’INCa. L’âge médian au moment du diagnostic est de 64 ans, et malgré les progrès thérapeutiques, 12 700 femmes en meurent encore chaque année. Grâce aux avancées du dépistage et des traitements, près de neuf patientes sur dix survivent au-delà de cinq ans, et environ 700 000 femmes vivent aujourd’hui avec un cancer du sein actif ou sous surveillance. Mais derrière ces chiffres encourageants, la réalité quotidienne de la rééducation reste un combat : douleurs persistantes, raideur de l’épaule, cicatrices adhérentes, lymphœdème, fatigue chronique, perte de confiance corporelle. Et c’est précisément là que la kinésithérapie entre en jeu. 🔎 Mais comment ? C’est ce que l’on va voir dans cet article !

Le kiné, un acteur plus que jamais essentiel dans le traitement du cancer du sein en France

Le cancer du sein reste le cancer féminin le plus fréquent et le plus médiatisé, mais aussi l’un des plus exigeants en termes de suivi. On estime qu’environ 700 000 femmes vivent aujourd’hui en France avec un antécédent ou un cancer du sein actif, selon Vie Publique (février 2025).
Or, les séquelles laissées par les traitements sont nombreuses et souvent sous-estimées. Chirurgie mammaire, curage axillaire, radiothérapie, hormonothérapie ou immunothérapie entraînent toutes des altérations fonctionnelles. Selon l’URPS des kinésithérapeutes d’Île-de-France, une patiente sur quatre opérées du sein ne bénéficie toujours pas de rééducation adaptée, faute de prescription ou d’information.

Pourtant, les bénéfices sont prouvés. Plusieurs travaux présentés par le Health Data Hub en 2024 démontrent qu’une prise en charge kinésithérapique débutée précocement permet une récupération fonctionnelle plus rapide et une réduction du risque de lymphœdème. C’est une donnée majeure : le moment où le kiné intervient conditionne directement l’évolution du membre supérieur, et donc la qualité de vie à long terme.

Avant la chirurgie du cancer du sein : quand le kiné prépare le corps et le mental.

La rééducation ne commence pas toujours après l’opération. De plus en plus de chirurgiens encouragent désormais une préparation préopératoire. L’objectif est double : préserver la mobilité articulaire et familiariser la patiente avec les gestes qui l’aideront ensuite à récupérer. Un bilan réalisé avant la chirurgie permet au kinésithérapeute d’évaluer la mobilité de l’épaule, la souplesse tissulaire, la posture, mais aussi la force du bras non opéré, qui servira souvent de référence pour la suite.

Dans cette phase, le kiné joue aussi un rôle éducatif : il explique les conséquences des gestes chirurgicaux, les positions à éviter, la façon de protéger le membre supérieur, mais aussi la manière d’entretenir la confiance corporelle. « Préparer le terrain avant l’intervention réduit les séquelles post-opératoires », rappelle un rapport de l’URPS ARA. C’est un temps encore trop peu prescrit, mais essentiel pour aborder l’opération avec sérénité.

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Après l’opération : la kinésithérapie au cœur de la récupération

C’est dans les semaines qui suivent la chirurgie que la kinésithérapie devient décisive.
Dès que le chirurgien l’autorise, le kiné travaille la mobilité de l’épaule et du bras. Chaque geste doit être progressif, précis, adapté à la cicatrice et au type de chirurgie (mastectomie, tumorectomie, curage axillaire…). La priorité est d’éviter la raideur articulaire, de prévenir les adhérences et de relancer une circulation lymphatique fluide.

Le traitement des cicatrices est une compétence essentielle : massages, assouplissement, mobilisation douce. Ces gestes soulagent la douleur, redonnent de la souplesse et participent à la restauration de l’image corporelle.

Si un lymphœdème apparaît (gonflement du bras lié à une perturbation de la circulation lymphatique), le kiné intervient avec des techniques de drainage manuel, de bandage, ou d’éducation à l’auto-drainage. Selon le Réseau des Kinés du Sein (RKS), ce suivi spécifique permet de réduire de 40 % le risque de chronicisation du lymphœdème lorsqu’il est instauré précocement.

Mais le rôle du kinésithérapeute ne se limite pas à la fonction physique. La fatigue, l’appréhension, la peur du mouvement sont des freins fréquents. À ce stade, le kiné devient un repère, un accompagnant du “retour à soi”. Il redonne confiance, propose des exercices à domicile, et guide la reprise d’activité selon le rythme de chaque patiente.

Reconstruction et vie après cancer : accompagner la renaissance

Le parcours du cancer du sein ne s’arrête pas au dernier traitement. Beaucoup de femmes poursuivent leur suivi pendant plusieurs années, parfois avec une reconstruction mammaire ou une surveillance à long terme.
Dans cette phase, la kinésithérapie reste indispensable. Les cicatrices de reconstruction, souvent multiples, nécessitent un travail de souplesse et de symétrie posturale. La rééducation posturale aide à corriger les déséquilibres du dos et de l’épaule. Le renforcement musculaire progressif, associé à une activité physique adaptée, soutient la récupération de la force et de la confiance en soi.

Les études convergent : l’activité physique régulière diminue de 20 à 30 % le risque de récidive du cancer du sein, selon l’Institut National du Cancer (2024). Le kinésithérapeute joue ici un rôle d’éducation et de motivation, en aidant la patiente à bouger, à respirer et à reprendre possession de son corps.

Au-delà du mouvement, le kiné devient souvent un maillon de la reconstruction psychologique. Une patiente qui retrouve la liberté de lever le bras, de porter ses enfants ou de nager à nouveau, retrouve bien plus que de la mobilité : elle retrouve sa place dans sa vie.

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Les défis actuels de la kinésithérapie face au cancer du sein

Si le rôle du kinésithérapeute est désormais reconnu, de nombreux obstacles persistent. Le premier est celui du retard d’accès aux soins. Beaucoup de patientes n’ont pas de prescription dès la sortie d’hôpital. Certaines découvrent par hasard, des mois plus tard, qu’une rééducation spécifique pouvait les soulager.
Ensuite, la variabilité des pratiques reste importante. Le Health Data Hub souligne en 2025 l’absence de protocole national clair sur la durée, la fréquence et les techniques optimales. Cette hétérogénéité est source d’inégalités d’accès et d’efficacité.

Enfin, la coordination ville-hôpital est encore perfectible. La transmission d’informations entre les services d’oncologie et les kinés libéraux demeure trop souvent partielle. Des initiatives régionales émergent pourtant : le réseau RKS, en plein essor, fédère les kinés formés à la sénologie et favorise la circulation des données cliniques.
Ces efforts dessinent une voie : celle d’une prise en charge continue, où chaque patiente bénéficie d’un accompagnement cohérent, du bloc opératoire jusqu’à la reprise d’une activité normale.

Former, communiquer, structurer : les priorités des kinés libéraux

La formation reste le levier majeur. Les universités de Nantes, Lyon et Bordeaux proposent aujourd’hui des diplômes universitaires en rééducation du cancer du sein. De nouveaux modules en ligne, comme ceux du réseau ONREK, mettent l’accent sur le drainage, la cicatrisation et l’accompagnement psychocorporel.
Mais la montée en compétence doit s’accompagner d’une meilleure communication avec les prescripteurs. Informer les chirurgiens, oncologues et infirmières coordinatrices du rôle du kiné est essentiel pour garantir une prescription rapide et pertinente.

Enfin, les cabinets libéraux peuvent s’organiser : création d’un “parcours cancer du sein”, documentation du suivi, intégration d’outils d’évaluation de la mobilité et de la qualité de vie. Ces démarches professionnelles valorisent la spécialisation du kiné et crédibilisent la profession auprès des partenaires médicaux.

Au-delà des soins : la kinésithérapie comme moteur de reconstruction

Le cancer du sein, c’est aussi une épreuve intime. Et le kinésithérapeute est souvent le premier soignant à redonner une expérience positive du corps. Chaque séance, chaque geste contribue à transformer la douleur en mouvement, la cicatrice en force, la peur en énergie retrouvée.

En 2025, la kinésithérapie n’est plus un simple soin de récupération : c’est un soin de reconstruction globale. Et dans cette mission, chaque kiné libéral a un rôle essentiel à jouer : celui de redonner du mouvement, mais surtout du pouvoir aux femmes qu’il accompagne.

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