Cryothérapie en cabinet kiné : les bonnes pratiques
Vous avez besoin d’un petit récapitulatif sur quand et comment utiliser l’application de froid ? Nous sommes souvent confrontés à des données contradictoires à ce sujet, notamment pour la prise en charge des blessures sportives. La littérature consacrée est pourtant assez riche. Et ouvre les réflexions à d’autres pathologies pour lesquelles on ne penserait pas tout de suite à la cryothérapie kiné, par exemple en neurologie. Faisons le point sur ce sujet !
Depuis quand la cryothérapie est-elle utilisée en kiné ?
Sans doute depuis les débuts de la profession ! On trouve des publications académiques consacrées au sujet depuis les années 1950. Même si elles sont plutôt rédigées par des équipes médicales, les indications concernent souvent des pathologies prises en charge en kiné. C’est depuis les années 1970 que l’application de froid sur les blessures d’origine sportive est plus massivement suggérée.
Quelles sont les différents moyens d’appliquer du froid en cabinet ?
Que vous soyez étudiant kiné ou kiné, il y a de très fortes chances que vous ayez déjà donné ce conseil incontournable à vos patients : achetez un sac de petits pois congelés. Mettez le au congélateur, entourez-le d’un chiffon peu épais. C’est un parfait moyen d’appliquer du froid à la maison, car les petits pois épousent bien la forme du genou. Et le moyen sans doute à privilégier au domicile des patient(e)s.
Mais au cabinet, lors d’une séance, les petits pois peuvent manquer de professionnalisme ! Voici la liste des différents moyens d’appliquer la cryothérapie au cabinet kiné, localement ou au niveau du corps entier. Certains nécessitent un congélateur avec une température très froide, d’autres non :
- poches à glaçons,
- compresses chaud/froid,
- appareil de cryothérapie (application d’air froid),
- appareil de pressothérapie incluant l’application de froid,
- cabines de cryothérapie et chambres de cryothérapie (installations très coûteuses, semblant adaptées uniquement pour des professionnels souhaitant faire de la cryothérapie leur unique ou principale activité).
En pratique : les compresses de froid sont souvent les plus simples à acquérir. Elles nécessitent l’utilisation d’un congélateur dédié aux soins (pour des raisons d’hygiène).
Quelles sont les principales indications théoriques et empiriques de la cryothérapie ?
Il est suggéré que la thérapie par le froid permet généralement de :
- diminuer la réaction inflammatoire suite à un traumatisme,
- réduire l’œdème,
- réduire la formation d’hématomes et la douleur,
- réduire les spasmes musculaires,
- diminuer le métabolisme des tissus et de réduire l’activité enzymatique.
Avec des effets secondaires le plus souvent transitoires et peu graves, même s’il ne faut pas oublier le risque de lésion nerveuse ou de brûlure.
Maintenant, il est intéressant de regarder pathologie par pathologie si cet effet est vraiment intéressant. Sans oublier d’évoquer la durée d’exposition au froid nécessaire (généralement 15 à 30 minutes pour une application locale via un pack). Le froid d’une séance de cryothérapie réalisée par un kiné va provoquer une décontraction musculaire pour soulager la pathologie.
Que nous disent les études cliniques sur la cryothérapie kiné ?
Voici quelques données, indication par indication.
Les blessures sportives des tissus mous
Si, il y a quelques dizaines de décennies, on fonçait tête baissée pour appliquer du froid lorsqu’une blessure survient, les choses sont un peu différentes maintenant. En tout cas dans certains milieux. Car l’application de froid réduit l’inflammation, nécessaire à la réparation des tissus, et à la guérison. Pour autant, le froid ne doit pas être proscrit, parce que c’est souvent un bon moyen de réduire la douleur et de limiter le gonflement.
Il faut donc, comme souvent en kiné, adapter au cas par cas. En expliquant aux patients les différentes options possibles, et celles qu’il veut privilégier, en fonction de la balance bénéfice/risque qu’il en fait pour lui.
Lymphœdème après mastectomie
Il y a beaucoup moins de données sur l’intérêt du froid sur les œdèmes d’origine lymphatique. Il semble cependant que les applications de froid 3 fois par semaine pendant 12 semaines, additionnées au protocole habituel, permettent de réduire le volume du lymphœdème après mastectomie.
C’est donc une option à avoir en tête pour les patientes en forte demande de réduction d’œdème, et qui tolèrent bien l’application de froid.
Diminuer la fatigue musculaire et les douleurs après un exercice physique ?
L’immersion du corps entier dans de l’eau très froide est souvent suggérée aux sportifs et sportives. Une revue Cochrane de 2012 conclut qu’il existe de petites preuves de faible qualité d’un effet positif par rapport au repos ou à l’absence de traitement. Un seul essai cependant a comparé l’efficacité et les bienfaits cette immersion à la récupération active liée à ce choc thermique.
Certains proposent d’étendre cette indication aux personnes souffrant du syndrome de fatigue chronique.
Après pose de prothèse de genou
Voici ce que conclut une revue de 2012 dédiée au sujet :
Les bénéfices potentiels de la cryothérapie sur la perte de sang, la douleur postopératoire et l’amplitude de mouvement pourraient être trop faibles pour en justifier l’utilisation, d’autant plus que la qualité des données était faible ou très faible pour tous les principaux critères de jugement. Cela doit être mis en balance avec les inconvénients potentiels et les coûts d’utilisation de la cryothérapie réalisée par un kiné.
Quelles sont, vous, les indications que vous retenez pour la thérapie par le froid au cabinet ?