Budget de la Sécurité sociale 2026 : ce qui se joue vraiment pour les kinés libéraux

Budget de la Sécurité sociale 2026 : ce qui se joue vraiment pour les kinés libéraux

Le budget de la Sécurité sociale de 2026 est là mais, avant de parler lettres-clés, forfaits ou revalorisations, il est utile de rappeler que tout se joue d’abord dans un cadre budgétaire. Ce budget fixe ce cadre : niveau du déficit, enveloppe globale de l’Assurance maladie, place laissée aux soins de ville. Vu de votre cabinet, cela peut sembler lointain et très politique. Pourtant, entre ONDAM relevé, débat sans 49.3 et « majorité de responsabilité » mise en avant par Sébastien Lecornu, ce texte conditionne en grande partie ce qu’il sera possible ou non de négocier pour les kinés libéraux en 2026. 🔎 Zoom sur la situation.

Le budget de la Sécurité sociale adopté de justesse… mais décisif pour 2026

Le 9 décembre 2025, l’Assemblée nationale a adopté en nouvelle lecture le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 par 247 voix pour, 234 contre et 93 abstentions, soit 13 voix d’écart, et cela, sans recours à l’article 49.3. C’est la première fois depuis 2022 qu’un budget Sécurité sociale est adopté au terme d’un vote complet, après débat, sans cet outil constitutionnel.

Ce budget devient la base financière de la Sécurité sociale pour 2026. D’après les chiffres présentés par le gouvernement, le déficit de la Sécu serait d’environ 19,6 milliards d’euros en 2026, contre près de 23 milliards en 2025. En l’absence de loi de financement, les projections évoquaient un déficit proche de 30 milliards d’euros. Dans le même temps, les recettes de la Sécurité sociale atteindraient environ 659 milliards d’euros, en hausse d’un peu plus de 16 milliards par rapport à 2025.

Une « majorité de responsabilité » pour éviter le blocage

Dans un entretien relayé par L’Express et l’AFP, Sébastien Lecornu souligne que les trois parties du PLFSS 2026 ont été « adoptées librement, après un débat exigeant, sans 49.3, une première depuis 2022 ». Il parle d’une « majorité de responsabilité » qui, selon lui, montre que le compromis n’est pas « un slogan », mais un outil pour « avancer dans le sens de l’intérêt général ».

Concrètement, le budget a été adopté grâce à une coalition ponctuelle : les groupes Renaissance et MoDem, une large partie des députés socialistes, ainsi que des élus de LIOT et de la droite modérée ont apporté leurs voix. À l’inverse, le Rassemblement national et La France insoumise ont voté contre, tandis que Les Républicains, Horizons et plusieurs écologistes se sont majoritairement abstenus.

Le Premier ministre remercie les députés de la majorité qui ont soutenu un texte parfois éloigné de leurs propres convictions, ainsi que les élus d’opposition qui ont accepté le compromis. Il estime que le renoncement au 49.3, dans un contexte de majorité relative, permet aux députés d’exercer « d’une manière nouvelle » leur rôle de législateur et y voit « une chance pour la démocratie représentative ». Les critiques qu’il adresse à certains groupes, qu’il juge en « opposition systématique », sont rapportées mais l’article ne prend pas parti : il s’agit ici de décrire le contexte politique de ce budget.

Budget Sécurité sociale 2026 : les grands chiffres pour la santé

Pour les professionnels de santé, dont les kinés libéraux, l’indicateur central du budget Sécurité sociale 2026 reste l’ONDAM, l’objectif national de dépenses d’Assurance maladie. En 2025, l’ONDAM est d’environ 266 milliards d’euros. Dans la version initiale du PLFSS 2026, il ne devait progresser que de +1,6 %, pour atteindre environ 270,4 milliards d’euros.

Sous la pression d’une partie du Parlement et des acteurs de santé, un amendement gouvernemental a toutefois relevé cette trajectoire à +3 %, soit un ONDAM autour de 274,3 milliards d’euros pour 2026. À l’intérieur de cette enveloppe globale, les soins de ville progresseraient d’environ +3,1 %, ce qui représente plusieurs milliards d’euros supplémentaires par rapport à la première version, tandis que l’hôpital bénéficierait d’une hausse proche de +3,3 %. Un document parlementaire mentionne à titre indicatif un relèvement du sous-objectif « soins de ville » de l’ordre de 2,5 milliards d’euros et un ajustement d’environ 100 millions d’euros pour les établissements de santé.

Au-delà de ces montants, le budget Sécurité sociale 2026 finance également d’autres priorités : un congé de naissance indemnisé, des ajustements sur la prise en charge de l’autonomie, ainsi que des mesures de recettes destinées à contenir le déficit.

Ce que le budget de la Sécurité sociale de 2026 change ou ne change pas pour les kinés libéraux

Un espace budgétaire un peu plus respirable pour les soins de ville

Pour un masseur-kinésithérapeute libéral, la première conséquence du budget Sécurité sociale 2026 reste indirecte mais bien réelle : en relevant l’ONDAM de +1,6 % à +3 %, le gouvernement augmente plus fortement que prévu l’enveloppe dédiée aux soins de ville. L’Assurance maladie dispose donc d’un cadre financier moins contraint pour financer l’ensemble des professions libérales (médecins, infirmiers, kinés, orthophonistes, etc.) et les dispositifs associés (prévention, coordination, télésoin, prises en charge à domicile).

En revanche, le PLFSS ne fixe pas les tarifs des actes de kinésithérapie. Il ne se traduit donc pas, en lui-même, par une revalorisation immédiate de vos séances. Ce sont les négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie : avenants à la convention, nouveaux forfaits, valorisation de certains actes qui détermineront l’usage précis de cette enveloppe. On peut dire que le cadre 2026 est moins défavorable que la première copie, mais la manière dont il profitera, ou non, à la kinésithérapie dépendra des arbitrages à venir.

Maîtrise des dépenses et ciblage des priorités plutôt que hausse générale

Le choix de limiter le déficit à 19,6 milliards d’euros, plutôt que de laisser filer vers un niveau proche de 30 milliards, confirme la volonté de maîtriser la progression des dépenses sociales. Même avec un ONDAM relevé, la logique reste celle d’une croissance contenue et orientée vers des priorités ciblées.

Pour la kinésithérapie libérale, cela signifie que les marges de manœuvre risquent d’être concentrées sur des dispositifs précis : forfaits pour les affections de longue durée, parcours structurés en post-opératoire, programmes dédiés au vieillissement et à la prévention de la perte d’autonomie, périnatalité, pathologies respiratoires ou neurologiques. L’enjeu, pour la profession, sera de se positionner clairement dans ces priorités afin d’obtenir des financements qui reconnaissent son rôle dans les parcours de soins.

Impact indirect du budget de la Sécurité sociale de 2026 sur vos patients et sur la demande de soins

Le budget Sécurité sociale 2026 cherche à augmenter les moyens consacrés à la santé sans faire peser l’essentiel de l’effort sur le reste à charge des patients. En limitant les risques de hausse brutale des franchises et des participations, le gouvernement cherche à préserver autant que possible l’accès aux soins, alors que l’inflation et le coût de la vie grignotent déjà le pouvoir d’achat des ménages.

Pour vos patients, cela peut se traduire par un risque un peu moindre de renoncement aux séances de kinésithérapie, notamment pour les publics les plus fragiles : personnes âgées, patients en affection de longue durée, patients en rééducation post-chirurgicale ou atteints de pathologies chroniques nécessitant un suivi prolongé. Cet effet dépendra toutefois de la mise en œuvre concrète : décisions des caisses primaires, évolution des contrats de complémentaires santé, organisation des parcours de soins au niveau local.

En clair : quel bilan pour la kinésithérapie libérale ?

À partir des éléments disponibles, on peut résumer la situation ainsi : le Parlement adopte de justesse le budget Sécurité sociale 2026, mais dans une version qui accorde davantage de moyens à l’Assurance maladie que prévu au départ, avec un ONDAM relevé à environ +3 %. L’État maintient un déficit important mais contenu, autour de 19,6 milliards d’euros, et évite ainsi le scénario noir d’un déficit proche de 30 milliards.

Concrètement, vous ne voyez pas une hausse immédiate de la lettre-clé, mais vous profitez d’un cadre budgétaire plus respirable pour les soins de ville. Ce cadre permet de lancer des avancées ciblées : revaloriser partiellement certains actes, créer de nouveaux forfaits, développer certaines prises en charge… sans pour autant les garantir. En 2026, les négociations conventionnelles deviendront le lieu décisif, et la profession devra porter la kinésithérapie comme un levier prioritaire de santé publique pour prévenir le handicap, maintenir l’autonomie des personnes âgées et assurer la prise en charge des suites de chirurgie et des pathologies chroniques.

Les sources de cet article :

  • Assemblée nationale – Analyse du scrutin n°4696 sur le PLFSS 2026.
  • LCP« Adoption du projet de budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée : qui a voté quoi ? ».
  • LCP« Nous avons fait œuvre utile : les députés ont adopté le budget de la Sécurité sociale » (citation de « majorité de responsabilité »).
  • Le Monde, – Analyses des mesures centrales du PLFSS 2026.
  • Libération : Adoption du budget de la Sécu : Sébastien Lecornu salue une «majorité de responsabilité ».

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